Dans ma région Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons plein de splendides paysages et de lieux emplis d’histoire(s). J’aime aller les découvrir (et c’est pour cela que je suis fière d’être éclaireuse pour Partir-Ici.fr, la plateforme régionale de tourisme responsable). Mais j’ai parfois tendance à rester dans les endroits que je connais déjà, souvent par facilité. Et il me faut un petit coup de pouce pour que je sorte de cette zone de confort géographique. Ainsi, c’est parce que j’ai gagné des places pour le petit train de la Mure à un concours organisé par Alpes Isère que j’ai pris la route vers la Matheysine un dimanche matin d’octobre avec Mr 1er.

La Matheysine, c’est quoi ?
Un peu de géographie
La Matheysine est un plateau marécageux situé à une trentaine de kilomètres au sud de Grenoble. La plateau matheysin est bordé par le Drac à l’ouest, qui le sépare du Trièves et du Vercors, et par la Romanche à l’est. En arrivant de Grenoble, on monte sur le plateau au-dessus de Vizille par la côte de Laffrey. Quand nous y sommes passés, nous avons profité d’une superbe mer de nuages dans la vallée de la Romanche, mais il n’était malheureusement pas possible de s’arrêter pour prendre quelques photos. Sur le plateau, plusieurs lacs se succèdent, longés par la route.

Un peu d’histoire
La Matheysine est sur le tracé de la route empruntée par Napoléon à son retour de l’île d’Elbe. D’ailleurs, c’est à Laffrey que l’empereur et ses troupes rencontrent celles du roi, venues pour les arrêter. Une statue équestre de Napoléon sur la Prairie de la Rencontre commémore d’ailleurs cet évènement. Mais, l’histoire de la Matheysine est surtout liée à celle du charbon. En effet, l’anthracite, une houille d’excellente qualité, y est exploitée tout au long du XIXe siècle et jusqu’à la fin du XXe siècle par les Houillières du Bassin du Dauphiné. La dernière mine, celle du Villaret, a fermé en 1997.

Un train pas comme les autres : le petit train de la Mure
Le petit train de la Mure était le but de mon déplacement en Matheysine. Il s’agit de l’ancienne voie de chemin de fer servant au transport du charbon depuis les mines jusqu’à la vallée de la Romanche. Aujourd’hui, seule une portion entre la gare de La Mure et un belvédère au dessus du Drac est exploitée, à vocation touristique. Le trajet se fait en aller/retour dans un petit train rouge à voie métrique. Ce train a été le premier train électrifié en courant continu en 1903, entre les gares de La Motte les Bains et de La Motte d’Aveillans, alimenté par une usine hydroélectrique sur le Drac. En 1912, c’est toute la ligne qui est électrifiée.

Le train a transporté le charbon jusqu’à la fin de l’exploitation minière. Il a avait progressivement été reconverti en train touristique. En 2010 toutefois, un éboulement conduit à la fermeture de la ligne. Il faudra attendre 2021 pour que la ligne ouvre à nouveau. Aujourd’hui, le trajet fait une quinzaine de kilomètres et emprunte de nombreux ouvrages d’art : des tunnels mais aussi des viaducs. En particulier, on passe sur le très impressionnant double viaduc de Loulla entre lesquels le train parcourt un demi cercle dans une longue courbe.


Le trajet dure environ 50 minutes dans chaque sens. Bercé par le rythme doux du train, j’admire les paysages magnifiés par les couleurs de l’automne. Notre chef de train nous donne des informations sur les lieux que nous traversons, et nous raconte les légendes locales. Après avoir traversé des tunnels, le paysage est dominé par la barrière orientale du Vercors. Nous arrivons au terminus, le grand balcon.

A notre descente du train, nous continuons à pied sur le tracé de l’ancienne voie ferrée en empruntant un tunnel. A la sortie, nous découvrons un premier point de vue sur le lac de Monteynard-Avignonet et le Trièves, dominés par le Vercors. Comme il est presque midi, nous décidons de commencer par déjeuner. Compte tenu de l’incertitude sur la météo à cette période de l’année, nous n’avons pas emporté de pique-nique, et nous prenons donc notre repas au restaurant panoramique du site. C’est un petit self qui propose des recettes locales, en portions généreuses. La soupe et le gratin de ravioles sont les bienvenus.

Après le repas, nous continuons notre promenade sur l’ancienne voie de chemin de fer. Au débouché d’un second tunnel piétonnisé, nous sommes émerveillés par le point de vue. Nous dominons complètement le barrage d’Avignonet, sur le Drac. Construit en 1962, le barrage d’une hauteur de 135 mètres a créé une retenue d’eau longue de 16 kilomètres, aux eaux turquoises dans la vallée encaissée du Drac. Une table d’orientation permet de repérer les éléments principaux du paysage. Et pour la toute première fois, j’ai l’occasion de voir en vrai la silhouette du Mont Aiguille. Ce sommet iconique du Vercors culmine à 2087 mètres et se reconnait très facilement. La première ascension du Mont Aiguille date de 1492 et est généralement considérée comme le premier acte d’alpinisme documenté.





Nous observons plusieurs rapaces, dont certains que nous pensons être des aigles. A cette saison, les plateformes d’observation du paysage sont relativement calmes. Mais le temps file, et nous devons rebrousser chemin afin de gagner le train à l’heure pour le trajet de retour. C’est un peu à regret que je descends en gare de La Mure après cette belle expérience.
Une pause au bord du lac avant de redescendre vers Grenoble
Avant de rentrer, et comme il est encore relativement tôt, nous avions envie de marcher un peu. Nous avions repéré la Pierre Percée depuis le train et souhaitions aller la voir de plus près. Malheureusement, le parking au départ de la randonnée est tout petit et déjà complet quand nous arrivons. Nous changeons donc de plan et décidons de nous arrêter au bord d’un des lacs que nous avons longé en venant. Le hasard nous mène au lac des Cordeliers, à Pierre Châtel. Nous profitons d’un joli point de vue. Nous ne nous attarderons toutefois pas très longtemps car la pluie commence à tomber. Nous reprenons donc la route vers la Drôme en passant par Grenoble.

La Mure / Monteynard / Pierre-Châtel – Isère – octobre 2024
(*) Le petit train de la Mure circule du printemps à l’automne, ainsi qu’en décembre. Le détail des ouvertures, horaires et tarifs est à retrouver sur le site internet du petit train. En été, il est conseillé de réserver sa place à l’avance pour s’assurer de pouvoir voyager.
Le trajet est obligatoirement un aller/retour avec un temps d’arrêt défini sur place au niveau du Grand Balcon. L’arrêt est plus long quand il se passe sur l’heure du repas. Il est possible de pique-niquer sur l’une des nombreuses aires aménagées ou de profiter du self panoramique. Le chef de train annonce l’heure maximale à laquelle il faut repartir du bout du site pour être à l’heure pour le départ du train, et c’est très pratique.
Sur le retour, à certains horaires, il est possible de s’arrêter pour visiter la Mine Image, un musée sur l’exploitation du charbon situé à La Motte d’Aveillans et qui permet d’entrer dans la mine. Cela semble très intéressant et je pense que je ferai cette visite lors d’un prochain passage en Matheysine.


Pour voir le Mont Aiguille de près, il faut descendre un peu plus vers le sud dans le Trièves. On le voit aussi très bien depuis certains secteurs du Diois. Son ascension se fait via une voie d’escalade. Il est interdit de bivouaquer au sommet, qui est le domaine des bouquetins. Il y a de nombreuses randonnées qui passent au pied ou en font le tour. Cela reste sur ma liste des endroits que j’ai plus envie de découvrir.
