Il y a un peu plus d’un an, j’avais passé un week-end en région parisienne avec des copains. C’était avec les mêmes que l’été d’avant nous avions prolongé un séminaire professionnel à Lille par quelques visites et moments conviviaux. Alors, avant que 2023 ne se termine, nous avons eu envie de nous retrouver pour un nouveau week-end dans les Hauts-de-France. Notre choix s’est porté sur Arras car l’une d’entre nous y habite et que la ville offre de jolies possibilités de balades. Quant à la date, nous avons fait en sorte de pouvoir profiter du marché de Noël. C’était en ce qui me concerne la première fois que je venais à Arras.
Vendredi soir : direction le marché de Noël
Nous nous sommes retrouvés à Arras en milieu d’après-midi du vendredi. Le temps de poser nos valises chez ma copine, et de discuter un peu, la nuit était tombée. Nous sommes donc partis découvrir le marché de Noël. Nous avons commencé par la place des Héros, dominée par le beffroi illuminé. J’avoue qu’il ne m’a pas fallu longtemps pour tomber sous le charme. Entre la magie du grand sapin, les chalets et les superbes façades, c’était compliqué de résister.
Nous avons fait le tour de la place des Héros, jetant un œil aux étals provisoires, et admirant les structures lumineuses devant le beffroi. Puis, nous avons pris la direction de la Grand Place. Je n’avais pas révisé avant de venir et c’est ainsi que j’ai découvert qu’il y avait deux immenses places aux façades de style baroque flamand, reliées par une petite rue au style homogène. L’ambiance y est conviviale en cette fin de semaine. La grande roue et les manèges tournent. Les stands sont animés. Nous nous réchauffons avec un bretzel et un vin chaud, avant de rentrer nous mettre à l’abri de froid.
(*) Le marché de Noël est installé à Arras jusqu’au 30 décembre 2024
Samedi matin : tourisme de mémoire à la carrière Wellington
Le samedi matin, nous avions mis le réveil car nous avions réservé une visite à la carrière Wellington. La journée débute avec une vue sur les toits givrés du centre ville. Aussi, c’est bien couverts que nous prenons la direction du quartier Ronville où se situe le musée-mémorial de la bataille d’Arras. La ville s’est en effet assez vite retrouvée sur la ligne de front lors de la première guerre mondiale. Le réseau de carrières souterraines de craie, creusé pour extraire les matériaux de construction de la ville depuis le Moyen-Âge, s’est alors révélé être un atout potentiel.
En 1916, le général Nivelle veut attaquer les lignes allemandes dans une opération surprise de grande ampleur. Ce sera le chemin des Dames, dans l’Aisne. Afin d’optimiser ses chances, il demande au général Haig, commandant les troupes anglaises, de préparer une attaque de diversion qui sera lancée une semaine plus tôt, dans un autre secteur, pour que les allemands envoient un maximum de troupes loin du lieu de la véritable offensive. C’est le site d’Arras qui est choisi, en raison de sa proximité avec le front et parce que les troupes anglaises y sont déjà stationnées. Le général Haig fait alors lancer un appel au volontariat dans tout l’empire britannique pour trouver des mineurs. C’est ainsi qu’une compagnie de mineurs et bûcherons néo-zélandais viendra creuser des tunnels complémentaires sous Arras, tirant partie de l’existant, reliant les anciennes carrières entre elles, ajoutant de nouvelles galeries pour permettre l’attaque, utilisant les espaces évidés pour stocker les gravats des nouvelles excavations. Au final, c’est un travail titanesque qui sera réalisé en toute discrétion sous la ville d’Arras (une entrée dans le centre ville permettait de rejoindre les différents sites souterrains), permettant le casernement de nombreuses troupes et une attaque surprise de grande ampleur. La bataille d’Arras sera lancée le 9 avril 1917 au matin du lundi de Pâques.
La visite de la carrière Wellington permet de retracer les évènements préalables à la bataille d’Arras. Dans une muséographie moderne et mêlant les explications de la guide avec celles des voix off et des films projetés sur les murs de la carrière, nous découvrons le travail titanesque des tunneliers néo-zélandais ainsi que les conditions dans lesquelles ils l’ont effectué. Puis, nous suivons les soldats s’apprêtant à surgir sur la ligne de front depuis les profondeurs de la terre. C’est un voyage poignant dans une partie de notre histoire que je connais finalement assez mal en dehors des livres : celle de la première guerre mondiale (géographiquement, j’ai toujours vécu près de sites en lien avec la seconde guerre mondiale, et j’ai donc une meilleure connaissance des lieux de celle-ci. Concernant la première guerre mondiale, j’avais juste eu l’occasion de me rendre une fois dans le secteur de Verdun et au wagon de l’armistice en forêt de Compiègne). Et si le sujet est moins festif que les autres activités que nous avons faites durant le week-end, c’était vraiment une sortie extrêmement intéressante et à côté de laquelle il aurait été dommage de passer.
(*) Les informations pratiques relatives à la visite de la Carrière Wellington sont à retrouver sur leur site internet. Il est conseillé de réserver sa visite car le nombre de visiteurs en simultané est limité.
Samedi après-midi : à la découverte des places de la ville
Après avoir déjeuné, nous nous sommes rendus au musée des Beaux Arts d’Arras, situé dans l’ancienne abbaye Saint Vaast. Là, nous avons rendez-vous avec Audrey, une connaissance qui a longtemps été guide touristique dans la ville. Comme la plupart d’entre nous ne connaissions pas du tout la ville, elle nous a proposé une visite à la découverte des places d’Arras et de leur histoire. Après nous avoir dressé un bref historique de la cité depuis ses origines, Audrey nous a emmenés dans le musée pour découvrir le plan-relief datant du XVIIIe siècle. Il a été commandé après la fortification d’Arras par Vauban suite au rattachement de l’Artois à la France à la fin de la guerre de Trente Ans. Cela nous permet une vision globale de la ville et ses environs, et de la façon dont sont disposées les différentes places.
Nous partons ensuite vers la place des Héros en passant par la place de la Vacquerie. De là, nous admirons l’arrière de l’hôtel de ville et du beffroi, ainsi que les maisons reconstruites dans un style Art Déco (la ville était un champ de ruines à l’issue de la première guerre mondiale).
Nous arrivons sur la place des Héros. Avec la rue de la Taillanderie et la Grand Place, elles constituent un ensemble unique de 155 façades de style baroque flamand. Enfin, façades, pas tout à fait ! Audrey nous apprend que se sont les pignons des maisons que nous voyons car elles sont construites en profondeur. Cela permettait de mettre plus de maisons sur la même rue ou place, et c’est de là que vient l’expression « avoir pignon sur rue ». Chaque maison est différente mais beaucoup arborent des emblèmes les distinguant ou rappelant le métier du propriétaire. On trouve ainsi beaucoup de gerbes de blés (il y avait un commerce aux grains sur la Grand Place), sans qu’il y ait toutefois deux fois le même motif sur deux maisons différentes. Le soleil déclinant dore les maisons autour des places et on se rend bien compte de leur beauté. Audrey attire aussi notre attention sur les colonnes de grès au rez-de-chaussée des maisons qui permettent un passage abrité le long de celles-ci et sur les entrées de caves, les burguets, qui permettent de rejoindre les boves, d’anciennes carrières de craie, puis les tunnels creusés lors de la première guerre mondiale.
Avant de nous diriger vers le marché de Noël pour un vin chaud tous ensemble, Audrey nous emmène voir les géants d’Arras, au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville. Colas est un maraicher d’Achicourt, et Jacqueline son épouse vient vendre la production sur le marché de la place des Héros. Ils sont accompagnés de leur fils Dédé, mais aussi du Jouteur et de l’Ami Bidasse.
(*) Nous sommes allés au musée des Beaux Arts d’Arras la veille de sa fermeture pour plusieurs années de travaux. Réouverture prévue en 2030.
Audrey ne propose pas de visites au public, mais vous pouvez vous adresser à l’office de tourisme du pays d’Artois qui propose des visites guidées thématiques.
Les géants sont visibles librement dans le hall du beffroi.
Dimanche matin : rester au chaud à regarder la neige
Nous avions initialement prévu d’aller nous promener le dimanche matin, soit à Vimy soit du côté de la citadelle d’Arras. Mais la météo nous a fait changer nos plans car peu après notre réveil, il s’est mis à neiger. Alors, nous sommes restés au chaud à papoter autour d’un café. Après tout, les week-ends entre amis doivent aussi permettre de juste passer des moments ensemble, sans nécessairement « faire quelque chose ». Quoi qu’il en soit, il y a encore énormément de lieux à découvrir à Arras et dans ses environs. Et pour ma part, j’ai très envie d’y retourner pour explorer un peu plus cette région que je connais trop peu.
Quelques adresses et conseils
Venir et séjourner à Arras
Nous sommes tous venus à Arras en train, en transitant par Paris. Le trajet en TGV depuis la gare du Nord est d’environ 45 minutes. La gare d’Arras est à proximité immédiate du centre-ville. Nous n’avons absolument pas eu besoin de voiture durant ce week-end. Tout ce que nous avons fait était facilement accessible à pied.
Pour le séjour, nous logions chez ma copine. Toutefois, l’offre d’hébergement sur Arras est vaste et vous permettra de trouver un logement à votre convenance.
Se restaurer à Arras
Voici les adresses que nous avons testées, et approuvées, au cours du week-end :
- Pour manger des spécialités du Nord : l’estaminet La Gayette, place de la Vacquerie
- Pour manger des frites, sur place ou à emporter : la friterie du Carnot, 26 boulevard Carnot
- Pour un dessert ou un goûter à emporter : Aux Merveilleux de Fred, 15 bis rue Léon Gambetta
- Pour prendre un cocktail en jouant aux fléchettes : le White Horse, place des Héros
Arras – Pas-de-Calais – décembre 2023