[coin lecture] Fausse piste

Fausse piste – James CRUMLEY

Milo Milodragovitch est le dernier rejeton d’une famille qui a participé à la construction de la petite ville de Meriwether dans le Montana. Il est aussi vétéran de la guerre de Corée, ex-adjoint du shérif de son comté, détective privé sur le retour et ivrogne invétéré. Cette dernière caractéristique lui permet entre autres d’oublier ses déboires professionnels, ses mariages ratés et de tromper l’attente de l’héritage de son père qu’il ne touchera qu’à son cinquante-troisième anniversaire, soit encore une douzaine d’années de patience à avoir.

Dans ce début des années 1970, sa principale activité qui consistait à trouver des preuves d’adultère pour permettre à ses clients de divorcer ne lui permet plus de gagner sa vie depuis que l’état a décidé de permettre le divorce par consentement mutuel. Quand Helen Duffy pousse la porte de son bureau afin de l’engager pour retrouver son petit frère disparu, Milo tombe sous le charme de la jeune femme et prend l’affaire. Débute alors pour lui une sérieuse désescalade, et la résolution de l’affaire sera surtout une source de problèmes et désillusions.

J’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman. Je pense que cela tient à la construction un peu datée de la narration. Mais une fois lancée dans le livre, j’ai eu du mal à le lâcher ! James Crumley rend poétique la déchéance, l’ivrognerie, la décadence. Il dépeint un monde en pleine bascule, coincé entre l’après-guerre et les hippies. Il nous entraine dans les bas fonds de Meriwether, avec ses flics corrompus, ses dealers, ses piliers de bar sans apitoiement, dressant des portraits à la fois tendres et sans complaisance. Il évoque avec lucidité les fêlures de chacun. Il raconte les bons et les mauvais, mais surtout ceux qui sont un peu des deux.

Dans l’enquête de Milo, les pièces se mettent peu à peu en place et même si tous les rebonds ne sont pas des surprises, James Crumley envoie son héros sur assez de fausses pistes pour que je n’aie pas vu venir le dénouement !