A la fin de l’été, j’avais une journée de congé à prendre impérativement. La dernière fois que je m’étais retrouvée dans cette situation, j’en avais profité pour une randonnée dans les gorges de la Combe d’Oyans et avait apprécié cette journée de break. Cette fois, j’ai changé de département pour gagner la rive droite du Rhône : direction l’Ardèche ! J’ai pris la route vers Lamastre dans l’idée de me promener dans les jolis villages alentours. Après un arrêt à l’office de tourisme de Lamastre (où l’accueil était vraiment agréable et le conseil personnalisé), j’ai choisi de visiter deux villages de caractère : Désaignes et Boucieu-le-Roi, puis de continuer à descendre le long du Doux jusqu’à Tournon, en mode mini road-trip pour profiter des paysages.

Désaignes, village médiéval
De Lamastre, j’ai pris la direction de Désaignes, un village médiéval, classé village de caractère. La route sinue entre les montagnes, le long du Doux, offrant de jolis points de vue sur les environs, et me permettant d’apercevoir un château ruiné. Je ne m’y suis toutefois pas arrêtée immédiatement, car je devrais prendre le même chemin au retour et j’avais choisi de visiter les lieux dans le sens du cours de la rivière.
Je ne m’étais encore jamais arrêtée à Désaignes. Le village n’est pourtant situé qu’à un peu plus d’ 1 heure de voiture de chez moi (et si la route qui y mène est très sinueuse, elle permet aussi d’admirer de jolis paysages). J’avais hésité à m’y arrêter en rentrant du Puy en Velay, mais ce jour-là, nous avions surtout hâte d’arriver à la maison. Cette fois était donc la bonne : je m’apprêtais à découvrir le charme de Désaignes !
J’ai laissé ma voiture sur un parking, aux allures de jardin public, à l’extérieur de l’enceinte médiévale. Face à moi, les collines de l’autre rive du Doux prennent le soleil pendant que je pique-nique. Un peu plus loin, une porte d’entrée dans le village m’invite à venir découvrir les ruelles.

Je m’engage alors dans un dédale charmant, allant de place en place. Le village est dominé par son château (fermé à l’heure de mon passage, il aurait fallu que j’attende plusieurs heures pour le visiter… je reviendrai !). En ce lundi midi, les rues sont calmes, et je croise peu de monde. Je profite de la fraicheur des fontaines. Je flâne, m’arrêtant pour caresser un chat qui passe. Je perds sans doute un peu la notion du temps, bercée par l’architecture d’une autre époque. Je finis cependant par me retrouver à côté de la porte par laquelle j’étais entrée, marquant la fin de ma balade dans le village.







Retourtour, château médiéval et pieds dans l’eau
En montant de Lamastre à Désaignes, j’avais aperçu les ruines d’un château. Je m’y suis arrêtée en redescendant de Désaignes. Construit au Xe siècle, le château-fort de Retourtour aurait été ruiné à partir du XIVe siècle suite à des querelles familiales de succession. Il domine une boucle du Doux et le petit hameau de Retourtour. J’ai fait le tour du village qui présente deux ou trois ruelles au charme ancien, blotties le long du rocher sur lequel le château avait été construit. L’accès aux ruines n’est par contre par possible.

Mais une autre surprise agréable m’attendait à Retourtour. En effet, à cet endroit le Doux fait une boucle et un plan d’eau y a été aménagé pour la baignade. Une passerelle permet de passer d’une rive à l’autre au bord de la retenue, à pied presque sec. La journée était caniculaire et je n’ai pas résisté à la tentation de plonger mes pieds dans l’eau claire. J’ai donc avisé un rocher sur lequel je me suis installée, les pieds dans l’eau, jouant à regarder les petits poissons nager à cet endroit peu profond. J’ai regretté de ne pas avoir pensé à glisser mon maillot de bain et une serviette dans la voiture car j’aurais bien profité de la fraicheur du plan d’eau de Retourtour pour une baignade !

Boucieu-le-Roi, village typique du Vivarais
Après cette pause à Retourtour, j’ai repris la route pour continuer à descendre le long du Doux. J’ai traversé Lamastre sans m’y arrêter, et pris la direction de Boucieu-le-Roi, profitant tout le long du trajet des magnifiques points de vue sur les paysages environnants. En arrivant à Boucieu, j’ai laissé ma voiture sur le parking de la gare (Boucieu est sur l’ancienne voie ferrée du Doux, qui aujourd’hui se partage entre vélorail et chemin de fer touristique – encore une idée d’activité que j’aimerais bien faire d’ailleurs !) pour gagner à pied le cœur du village. J’ai pour cela emprunté le chemin d’accès historique à Boucieu, piste montant à flanc de coteau.


Une fois en haut du chemin, impossible de douter : je suis bien dans un village de caractère ! En effet, la Maison du Bailli, bâtiment emblématique de Boucieu-le-Roi me fait face. Construite au XVe siècle, cette demeure flanquée d’une échauguette abritait le bailliage de Boucieu. Cette cour royale de justice du Haut Vivarais avait été installée ici par Philippe le Bel au XIIIe siècle, et a marqué le début du développement du village qui a connu son apogée au XVIe siècle, nous laissant un riche patrimoine bâti. Ainsi en se promenant dans les rues du village, on croise de très nombreuses maisons à l’architecture typique du Vivarais.

Ces maisons vivaraises sont construites selon un plan rationnel, adapté au climat local et à un mode de vie rural. L’habitation était située au premier étage, desservie par un escalier de pierre menant à l’aître, un perron protégé par un auvent. Dans l’espace sous l’aître, chaque famille élevait un cochon destiné à fournir de la viande. On y trouve également l’accès à la cave ou à la remise, semi-enterrée. Une grande partie des maisons de Boucieu est construite sur ce type, même si parfois l’auvent de l’aître a disparu (certains auvents étaient portés par des piliers de bois, tandis que d’autres étaient en pierre de taille). Il en résulte une jolie harmonie quand on se promène dans le village.


Un autre élément remarquable à Boucieu-le-Roi est son chemin de croix, conçu sur le modèle d’un Grand Voyage. Un grand voyage était un chemin de croix extérieur, ponctué de stations chapelles, idéalement utilisant la topographie locale pour rappeler celle des différents lieux de Jérusalem par lesquels Jésus est passé durant sa Passion (on peut trouver un autre exemple de Grand Voyage à Romans-sur-Isère). Le but du grand voyage est de permettre de vivre le pèlerinage de Jérusalem à ceux qui n’ont pas la possibilité de se rendre sur place. Le chemin de croix de Boucieu se compose de 35 stations chapelle, et fait le tour du village. A l’origine, il en comportait 39, mais suite aux destructions de la Révolution Française, 4 emplacements n’ont pas pu être retrouvés.
Le grand voyage de Boucieu a été créé par le père Pierre Vigne au XVIIIe siècle. Né à Privas, formé par les Lazaristes de Lyon, Pierre Vigne devient prêtre missionnaire itinérant, suivant l’exemple de Saint François Régis qui avait œuvré un siècle plus tôt entre Vivarais et Velay. Pierre Vigne s’installe à Boucieu entre deux missions à partir de 1712, où il fondera aussi la communauté des Soeurs du Saint Sacrement (aujourd’hui installée à Valence). Figure notable de l’histoire locale ayant laissé son empreinte dans la vie catholique, il a été béatifié en 2004 par le pape Jean-Paul II. Aujourd’hui encore, le chemin de croix de Boucieu attire un grand nombre de pèlerins, en particulier le Vendredi Saint.



Retour vers la vallée du Rhône
De Boucieu, je suis redescendue dans la vallée du Rhône en longeant la rivière. La route permet en particulier de traverser les gorges du Doux, et d’apercevoir leur mythique voie ferrée. Elle est toujours régulièrement empruntée par le Mastrou, un train à vapeur.
Je n’ai pas fait d’autres arrêts car la journée était déjà bien avancée. Toutefois si vous avez envie de prolonger le road-trip, vous pouvez partir en direction de Saint Félicien au lieu de revenir directement dans la vallée du Rhône. Il est également possible de profiter du passage par Tournon pour découvrir la ville et ses environs. Voici quelques idées que j’ai pu tester au fil de temps :
- visiter le jardin d’Eden
- déguster une pâtisserie de Bastien Girard, champion du monde
- visiter le château-musée de Tournon
- aller se promener au milieu des vignes sur la colline de l’Hermitage
- visiter la Cité du Chocolat