[Pas de Calais] en week-end entre Arras et Lens : tourisme de mémoire et industriel

J’étais allée à Arras à l’occasion du marché de Noël en décembre 2023. A cette occasion, j’avais aussi découvert la ville grâce à une visite guidée et son importance durant les combats de la Première Guerre Mondiale en visitant la carrière Wellington. Cet aperçu de la ville m’avait donné envie d’y retourner. C’est ce que j’ai fait en février : j’ai prolongé un week-end pour aller retrouver des amies dans le Pas de Calais et découvrir d’autres lieux dans les environs d’Arras. Alors si vous prévoyez d’aller vous balader entre Lens et Arras, voici quelques idées qui pourraient vous intéresser.

la place des Héros d'Arras entourée des façades baroques flamandes et dominée par le beffroi
Place des Héros – Arras

Se balader dans la ville d’Arras

Profiter des Places, de jour comme de nuit

Lors de ma première visite à Arras, les Places étaient occupées par le marché de Noël. Cette fois, c’est vides que je les ai découvertes. Et je dois avouer qu’elles sont encore plus impressionnantes. De la place des Héros à la Grand Place, en passant par la rue de la Taillanderie qui les relie, les façades se succèdent toutes similaires et toutes différentes. Je crois que j’aurais pu passer des heures à les photographier, de jour comme de nuit.

Prendre de la hauteur dans le beffroi

Le beffroi d’Arras domine la place des Héros du haut de ses 75 mètres. Dans le bâtiment, on peut librement découvrir les Géants de la ville. Mais ce qui nous intéressait ce matin-là, c’était de monter au sommet du beffroi pour admirer la ville d’en haut. L’accès se fait par un ascenseur complété d’un escalier en colimaçon. On passe ainsi dans le campanile, juste à côté des cloches. Et même si celles-ci sont seulement frappées, cela doit être bien bruyant lorsqu’elles sonnent les heures. Le beffroi abrite aussi un carillon dont on peut apercevoir le clavier.

vue aérienne de la ville d'Arras
Arras vue depuis le sommet du beffroi

En montant au beffroi, ce que nous voulions, c’était disposer d’une vue aérienne de la ville et de ses environs. Nous n’avons pas été déçues sur ce point. Mais ce qui m’a le plus frappée, c’est de pouvoir comprendre vraiment comment les maisons s’organisent autour des Places. En effet, ce que l’on appelle généralement « façades » sont en fait les pignons de ces maisons, et vu d’en haut, aucun doute n’est possible.

D’en haut, on comprend particulièrement bien l’architecture des Places.

La cathédrale d'Arras vue depuis le sommet du beffroi
La cathédrale vue depuis le sommet du beffroi

Flâner à la Citadelle

La Citadelle, c’est presque le hasard qui nous y conduit. Lorsque nous avions fait une visite guidée de la ville avec Audrey la dernière fois, elle nous en avait parlé en nous montrant le plan-relief qui se trouvait au musée (il est actuellement fermé jusqu’en 2030). Comme c’est un peu excentré, nous n’avions pas eu le temps d’y aller. Or, cette fois, nous sommes passées devant en voiture alors que nous revenions en ville après une balade. La lumière déclinait et il faisait bien froid, mais nous nous sommes arrêtées. Edifiée selon les plans de Vauban, la Citadelle d’Arras s’inscrit dans une ligne de défense constituée pour protéger la frontière nord du royaume de France à l’époque de Louis XIV. Les fortifications de Vauban les plus emblématiques ont été inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, et la Citadelle d’Arras en fait partie.

L'entrée de la Citadelle d'Arras au soleil couchant
L’entrée de la Citadelle d’Arras au soleil couchant

A l’entrée de la Citadelle, une salle d’exposition permet de découvrir une maquette ainsi que l’histoire de la forteresse et la façon dont elle s’inscrit dans le Pré Carré voulu par Vauban. Elle a été démilitarisée en 2010, et depuis des logements et des entreprises ont pris possession des lieux. La grande place d’armes sert à des évènements. Discrète, le long de celle-ci, on trouve une petite chapelle. Il s’agit du plus ancien édifice de la ville (le centre ville a été largement bombardé durant les combats de la Première Guerre Mondiale et ce que l’on en voit aujourd’hui est une reconstruction à l’identique). Sur ses murs intérieurs, on trouve le nom des soldats tombés au combat et dont le régiment était stationné à la Citadelle.

depuis un porche un chemin pavé amène vers sur une place et un bâtiment en briques
Perspective vers la place d’armes de la Citadelle
un rayon de soleil sur le manteau en briques d'une cheminée ancienne
Le soleil couchant éclairait joliment la cheminée de la salle des familles où se trouve l’exposition
vue générale de la place d'armes de la citadelle d'Arras
La place d’armes de la citadelle d’Arras au soleil couchant

Se souvenir des combats de la Grande Guerre dans l’Artois

L’Artois a été au cœur de grandes batailles de la Première Guerre Mondiale. De nos jours, on y trouve de nombreux lieux de mémoire : cimetières, monuments commémoratifs, vestiges des combats… Après avoir visité la carrière Wellington il y a un peu plus d’un an, nous sommes parties en direction de Lens pour découvrir deux sites majeurs du souvenir : la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette et la crête de Vimy.

l'entrée de la nécropole nationale de Notre Dame de Lorette
L’impressionnante entrée de la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette

Se rendre compte du nombre de victimes à Notre-Dame de Lorette

Notre première étape a été la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette. Ici se trouvent les dépouilles de 42 000 soldats français, morts sur les champs de bataille de l’Artois et des Flandres. Dès 1919, la colline de Notre-Dame de Lorette devient un lieu de souvenir. Outre les tombes alignées, le cimetière se compose aussi de plusieurs ossuaires. C’est en 1925 que sont inaugurés la basilique et la tour lanterne. Cette dernière est un phare pour guider les âmes des soldats morts vers l’au-delà. Elle est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. J’ai déjà visité de nombreux cimetières militaires (en particulier de la seconde guerre mondiale car j’ai grandi pas très loin des plages du débarquement de Normandie et des lieux de la bataille qui s’en est suivie), mais chaque fois, je ressens une très forte émotion devant ces alignements de tombes. Et il faut bien avouer que la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette (le plus grand cimetière militaire français) est particulièrement impressionnante.

Juste à côté du cimetière, on trouve l’anneau de la mémoire. Cet édifice a été inauguré en 2014. A l’intérieur de ce cercle de plus de 345 mètres de diamètre, on retrouve le nom de plus de 580 000 soldats morts durant la Première Guerre Mondiale sur les territoires du Nord Pas-de-Calais. Pour la première fois, les noms sont présentés par ordre alphabétique, sans distinction de grade, religion et surtout nationalité. Ainsi, les soldats des deux camps se retrouvent côte à côté, dans une symbolique de paix et d’union. Voir tous ces noms gravés en petits caractères et se rendre compte de l’espace que cela nécessite permettent de mieux appréhender l’ampleur du nombre des victimes (entre les différents fronts, on estime à près de 10 millions le nombre de pertes militaires durant le conflit, auxquelles il faut ajouter presque 9 millions de victimes civiles).

un aperçu de l'intérieur de l'anneau de la mémoire sur le site de Notre Dame de Lorette dans le Pas de Calais
580 000 noms gravés sur l’anneau de la mémoire

Parcourir un bout de Canada sur la crête de Vimy

Au cours de la bataille d’Arras, à Pâques 1917, les opérations pour reprendre la crête de Vimy à la côte 145 ont été menées par le Corps Canadien. Après 4 jours de combat, les canadiens étaient maîtres de cette position stratégique entre Arras et Lens. La bataille de la crête de Vimy est l’une des victoires les plus emblématiques pour l’armée canadienne. Elle est aujourd’hui considérée comme un des éléments clés du développement de l’identité de la nation canadienne (la confédération canadienne a été fondée en 1867 : le pays est encore extrêmement jeune et en pleine construction). En 1922, la France offre au Canada une concession à perpétuité de 117 hectares sur la crête de Vimy pour y installer un mémorial. L’ensemble monumental, inauguré en 1936, se remarque de loin, dominant la crête et le paysage environnant. Avec ses lignes claires, il s’impose au milieu d’un paysage tourmenté et portant les stigmates des combats qui y ont eu lieu.

Le mémorial canadien de Vimy – un monument impressionnant

une forêt de pins dont le sol est composé de trous d'obus
Dans la forêt, le sol est bosselé, marqués par les explosions d’obus

Découvrir la vie des mineurs à Lewarde

Pour notre dernière découverte du week-end, nous sommes allées au centre historique minier de Lewarde. La fosse Delloye commence son activité en 1931 et l’arrête au cours des années 1970. Elle est choisie dès 1973 par les Houillères du Bassin du Nord et du Pas de Calais pour devenir le centre historique minier. L’inauguration a lieu en 1984. Il doit permettre de témoigner de 3 siècles d’activités minières dans la région (le dernier puits a fermé en décembre 1990). L’ensemble des bâtiments du carreau de la fosse Delloye a été préservé et transformé en musée.

bâtiments d'un carreau de mines au centre historique minier de Lewarde
Le bâtiment d’accès aux galeries de la mine, avec ses deux chevalements.

La visite se décompose en deux parties. La première permet de découvrir le bâtiment où les mineurs se préparaient et où étaient installés les bureaux. On y retrouve une exposition sur la formation du charbon (et les différents types qu’il recouvre), sur l’histoire de l’exploitation du charbon dans la région mais aussi sur la vie quotidienne des mineurs, tant à la mine qu’en dehors. La seconde partie se fait avec un guide qui nous emmène dans les galeries de la mine (ou presque : pour des raisons de sécurité, ce sont des reconstitutions grandeur nature). Nous empruntons l’ascenseur que les mineurs utilisaient pour descendre au fond de la mine, découvrons leurs conditions de travail et l’évolution de celles-ci au fil du temps. Des machines et outils sont actionnés par le guide pour aider à comprendre l’environnement sonore de la mine. J’ai trouvé cette visite vraiment très intéressante. J’ai appris/compris beaucoup de choses sur le travail d’extraction du charbon (et cela m’a donné envie d’aller visiter d’autres mines, par exemple à Saint Etienne ou en Matheysine).


Arras / Lewarde / Vimy / Notre-Dame de Lorette – Pas de Calais – février 2025


Informations pratiques

Nos visites

  • Le Beffroi d’Arras : la billetterie se situe à l’office de tourisme, au rez-de-chaussée du beffroi. Il est accessible aux horaires d’ouverture du bureau de l’office de tourisme. L’accès est payant.
  • Les Boves : il s’agit d’un réseau de caves et de souterrains, reliés à la Carrière Wellington. Nous n’avons pas pu les visiter car elles étaient fermées lors de mon séjour à Arras.
  • La carrière Wellington : nous y étions allées lors de notre précédent séjour arrageois et n’y sommes pas retournée, mais c’est assurément un lieu à découvrir.
  • La Citadelle d’Arras : devenue un lieu de vie, elle est librement accessible. En entrant par la porte Turenne (côté ville), on accède à la salle des familles : une salle d’exposition en libre accès en journée. Comme la nuit arrivait, nous n’avons pas eu le temps de faire l’un des circuits de promenade autour de la Citadelle. Tour des bastions, des douves ou du bois, ils ont l’air de permettre de bien se rendre compte de l’architecture voulue par Vauban avec sa forme en étoile.
  • La nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette se trouve à Ablain-Saint-Nazaire. L’accès et le parking sont gratuits. Les horaires d’ouverture varient en fonction des saisons.
  • L’anneau de la mémoire est situé juste à côté de la nécropole, et l’on passe facilement à pied de l’un à l’autre. Le parking est d’ailleurs commun. L’accès est gratuit.
    Attention en hiver : le sol de l’anneau givre facilement, et peut être très glissant. Il ne passe pas intégralement au soleil au cours de la journée.
  • Le mémorial national du Canada à Vimy est situé sur la commune éponyme et deux communes voisines. Il est géré par Anciens Combattants Canada. Il a été déclaré lieu historique national du Canada, signe de son importance pour le pays. En plus du monument, le site permet de découvrir des tranchées et tunnels. Comme nous sommes arrivées en fin de journée, nous n’avions pas le temps d’aller les voir. Les horaires d’ouverture du site sont disponibles sur le site internet du Gouvernement Canadien dédié aux anciens combattants.
  • Le centre historique minier de Lewarde est situé à côté de Douai. Il n’est pas nécessaire de faire la visite libre du musée avant la visite guidée de la galerie de la mine. Il n’est pas possible de réserver un horaire de visite guidée : celui-ci est donné à la billetterie à l’entrée du site quand on arrive. Il faut compter entre 2h30 et 3h de visite pour découvrir l’ensemble du site.
    Les horaires et conditions de visite sont à retrouver sur le site internet du centre historique minier. On peut manger sur place : le restaurant Le Briquet propose une cuisine maison simple à base de produits du terroir à un prix raisonnable (et accepte les titres restaurants en semaine). J’ai beaucoup aimé mon croque-monsieur au Maroilles.

Comment venir, où dormir et où manger à Arras

Pour venir, j’ai pris le train. La gare d’Arras est vraiment à quelques minutes à pied du centre-ville, très facile d’accès. Pour l’aller, j’ai même eu un TGV direct depuis Valence. Au retour, par contre, j’avais une correspondance à Paris avec un changement de gare du Nord à gare de Lyon. Si vous avez besoin de faire ce changement de gare, prenez la ligne 5 du métro à gare du Nord et descendez à Quai de la Rapée : vous êtes à moins de 5 minutes à pied de la gare de Lyon.

Pour dormir, j’avais choisi un hôtel situé dans le centre ancien d’Arras, à moins de 5 minutes à pied de la gare et juste à côté des Places. Outre sa situation idéale, il est d’un bon rapport qualité-prix et calme.

Pour manger, il y a de nombreux restaurants à Arras dans tous les styles et pour toutes les bourses. Voici ceux que où nous nous sommes restaurées :

  • Nous sommes allées un soir au Baobab Café (14 rue Paul Doumer, Arras) : un bar et un restaurant avec des burgers et des salades au menu. Attention, le lieu est vite un peu bruyant !
  • Nous avons diné chez Anagram (23 Grand Place, Arras) : un restaurant cosy de cuisine française où la carte change régulièrement.
  • Nous avons déjeuné au Briquet, le restaurant du centre historique minier de Lewarde, où nous étions en visite. Nous avons bien aimé l’ambiance sans chichi et la carte à base de produits locaux.
  • Quant au dimanche, avant que je ne reprenne le train, nous avons pris un brunch chez Appia (4 rue de la Housse, juste à côté de la place des Héros, Arras) : un lieu tout doux où nous avons dégusté de copieuses pancakes.

22 réflexions sur « [Pas de Calais] en week-end entre Arras et Lens : tourisme de mémoire et industriel »

  1. J’ai visité Arras que j’ai trouvée vraiment très intéressante au niveau de ses constructions. Nous avons aussi un lourd passé minier en Belgique dont j’ai visité des sites et c’est toujours très émouvant de plonger dans le passé.
    Bonne journée.

    1. Oui, Arras est vraiment une jolie ville. Et je suis d’accord avec toi, ces plongées dans le passé (pas si lointain) sont très intéressantes et émouvantes.

  2. Oh ça fait drôlement envie de découvrir ce coin, je connais bien Lens (pour son Louvre), mais pas Arras, et ces lieux de mémoire sont à la fois impressionnants, beaux et importants.

  3. Un beffroi, une grand place avec des maisons en briques … Pas de doute nous sommes dans le Nord !

  4. Coucou, c’est MAGNIFIQUE ! J’ai beaucoup apprécié ton nouvel article. Merci et bisous pour ce beau voyage.

  5. Merci pour cette belle description et la jolie promenade.

    J’aime beaucoup ces façades sur la place, et oui, ces listes de noms sont toujours très impressionnantes.

    Belle journée 😉

  6. Un week-end bien rempli !!

    Nous n’avons pas fait Arras et Lens, lorsque nous sommes allés voir Miss, nous avons fait d’autres choix. Ces villes du Nord (et Belgique, Hollande) ont vraiment un charme avec leurs briques, leurs pignons…

    1. C’est vrai que le week-end a été bien rempli mais en même temps, nous n’avons pas couru et nous avons vraiment pris le temps de discuter, de profiter des moments ensemble.
      Il y a beaucoup à découvrir dans cette région !

  7. Un billet qui m’a bien intéressé car je ne connais pas du tout cette région (à part un bref séjour à Lille). Il donne envie d’en savoir plus sur cette ville tellement chargée d’Histoire…

    1. J’étais avec un groupe d’amis (dont 2 qui habitent à Arras et un à Douai), et le week-end était assez court. Si j’arrive à venir un peu plus longtemps la prochaine fois, j’essaierai de grapiller un peu de temps pour te croiser !

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