Le Musée de Valence propose une nouvelle exposition autour d’un artiste local méconnu : Théophile-Jean Delaye. Né à la toute fin du XIXe siècle à Valence, il a ensuite grandi à Tournon et a passé la fin de sa vie à Saint Donat sur l’Herbasse dans les années 1960. Entre temps, il a conjugué son métier de topographe pour l’armée avec son goût pour le dessin et les grands espaces, laissant une œuvre colossale et pourtant méconnue que l’exposition met en lumière.

La cartographie du Maroc
Théophile-Jean Delaye est officier de l’armée française quand il arrive au Maroc (alors sous protectorat français) en 1924. Sa spécialité, c’est la topographie, et sa mission va consister à cartographier le pays. Pour cela, il parcourt les lieux à pied et à cheval, mais il est également un pionnier dans l’utilisation de la photographie aérienne à des fins de cartographie. Il sera également le premier à livrer une carte détaillée du massif du Toukbal, point culminant du Haut-Altas. Il innove également dans la représentation des montagnes en alliant l’utilisation de hachures aux lignes de niveau pour permettre de visualiser les reliefs.

En parallèle des cartes et relevés topographiques, il dessine et peint également des scènes de la vie quotidienne et des paysages du Maroc. Il nous laisse ainsi un témoignage vibrant du Maroc de l’entre-deux-guerres, représentant villes et villages, mais également leurs habitants et les motifs traditionnels s’y associant. Et chaque fois, il légende ses dessins avec précision, indiquant le lieu et l’année.


A la fin de sa carrière militaire, il continue à vivre au Maroc. Il participe alors à l’essor du tourisme dans le pays, contribuant à différentes revues et étant très actif dans le club alpin du Maroc. Il dessine aussi des cartes touristiques illustrées à destination de l’office de tourisme dans les années 1950. Il a également été un des initiateurs de la création du parc naturel du Toukbal.

Les Alpes et les beaux livres
Lorsqu’il revient en France, Théophile-Jean Delaye arpente les paysages alpins qu’il dessine avec la précision du cartographe. Il parcourt essentiellement les massifs des Ecrins, du Vercors et la Chartreuse. Il passe alors ses journées dehors avec son matériel de peinture, parfois à plus de 3000 mètres pour restituer ces paysages.

Il participera à l’illustration de nombreux beaux livres de tourisme des éditions Arthaud. Situées à Grenoble, elles se sont spécialisées dès la fin du XIXe siècle dans les récits de voyage, d’exploration et de montagne (ce sont elles qui publieront Premier de Cordée de Frison-Roche). Les premières collaborations entre Théophile-Jean Delaye et Arthaud datent des années 1930. L’artiste illustre alors plusieurs ouvrages sur les Alpes : Oisans, les Routes des Alpes, Vercors & Chartreuse.. Puis, des ouvrages sur le Maroc suivront, ainsi que sur d’autres régions qu’il dessine sans doute d’après photographies. Théophile-Jean Delaye utilisera également ses talents d’illustrateurs pour des livres jeunesse d’aventures dans les années 1950.
L’exposition
Cette exposition au Musée de Valence revient sur l’ensemble des activités de Théophile-Jean Delaye, qu’il s’agisse des cartes auxquelles il a contribué, de ses dessins personnels ou des commandes pour illustration. Elle se termine par l’évocation des premières éditions du festival Jean Sébastien Bach de Saint Donat qu’il a contribué à créer.
Si elle peut intéresser tout le monde, cette exposition ravira particulièrement les adeptes de carnets de voyage, de cartes géographiques et de récits d’exploration. Elle permet aussi d’aborder avec les plus jeunes des notions de cartographie : échelle, représentation,… Et pour les fans de Star Wars, les aquarelles marocaines de Théophile-Jean Delaye sonnent comme une plongée dans les paysages de Tatooine !
(*) L’exposition « Théophile-Jean Delaye, un arpenteur du 20e siècle » est présentée au Musée de Valence jusqu’au 26 février 2023. Elle peut se visiter de façon indépendante des collections présentées dans le musée.