[Bouches du Rhône] 2025, l’année Cezanne à Aix en Provence

Quand, avec Melle 3e, nous avons appris qu’une exposition de grande envergure autour du peintre Cezanne allait avoir lieu à Aix en Provence, nous avons tout de suite cherché à quel moment nous pourrions y aller. Entre mon travail et son planning estival chargé, nous avons repéré un lundi de juillet. Nous avons alors aussitôt réservé nos places pour l’exposition, en choisissant un créneau matinal pour avoir le temps d’en profiter. Elle m’a alors parlé de l’atelier de Cezanne pour le visiter aussi. Là, on s’est mal comprises : elle parlait du dernier atelier du peintre, aux Lauves, tandis que je pensais à son premier atelier au Jas de Bouffan. J’ai donc réservé une visite au Jas de Bouffan pour l’après-midi. Il restait juste à trouver un hôtel le dimanche soir et prévenir Mr 1er (qui habite à Aix) pour partager un moment avec lui. Nous étions prêtes à partir dans les pas de Cezanne à Aix en Provence !

la façade arrière de la bastide du Jas de Bouffan à Aix en Provence
La bastide du Jas de Bouffan, maison de famille de Paul Cezanne

Cezanne au Jas de Bouffan, une exposition au Musée Granet

Melle 3e et moi avons appris chacune de notre côté la tenue de l’exposition consacrée à Cezanne au Musée Granet d’Aix. C’est en constatant que les nombreux prêts exceptionnels du Musée d’Orsay au Musée de Valence étaient habituellement localisés au Musée Granet que j’ai cherché pour quelle raison ils étaient déplacés temporairement. Quant à Melle 3e, elle l’a appris par son professeur d’histoire de l’art. Une telle exposition à 2 heures de route de la maison, nous ne pouvions pas la manquer.

au musée Granet durant l'exposition Cezanne au Jas de Bouffan en 2025
En apercevant ce tableau, j’ai eu l’impression de l’avoir déjà vu alors qu’il ne fait pas partie des tableaux célèbres de Cezanne. En lisant les informations, j’ai compris que je l’avais en effet sans doute déjà vu car il est habituellement exposé au Musée des Beaux-Arts de Montréal.

Intitulée Cezanne au Jas de Bouffan, l’exposition s’intéresse donc aux années aixoises du peintre. Issu d’une famille qui s’est embourgeoisée après le succès du père de Paul en affaires, le peintre commence sa formation à l’école municipale de dessin, dans les locaux de l’actuel Musée Granet. Paul a 21 ans quand son père achète la bastide du Jas de Bouffan. L’artiste y fera nombreuses expérimentations, peignant directement sur les murs ou utilisant ses toiles recto verso. Il fera ensuite des allers retours à Paris où il rencontre Camille Pissaro qui l’initiera à la lumière. Les toiles de Cezanne prennent alors une autre tournure, moins sombre, plus délicate. Aix reste son point d’ancrage et il y passe la plus grande partie de son temps. Le Jas de Bouffan l’inspire et est très souvent représenté dans ses tableaux. De là, il voit la montagne de la Sainte Victoire qui devient également un de ses sujets de prédilection. Il fait également des portraits des habitants du Jas ou des amis de passage.

Tableau de Paul Cezanne représentant la bastide et la ferme du Jas de Bouffan
Maison et ferme du Jas de Bouffan, tableau de Paul Cezanne qui a servi pour l’affiche de l’exposition

J’ai vraiment apprécié cette exposition dont la progression est très lisible, des premiers essais de Cezanne aux tableaux de sa fin de vie. La présentation chronologique s’entremêle avec une présentation plus thématique, mettant en avant les récurrences dans l’œuvre du peintre. Dans les natures mortes, on retrouve les mêmes objets comme le pot à olives vert ou le pot à gingembre bleu. Plusieurs tableaux présentent des compositions similaires tout en étant réalisés dans des styles différents comme dans les différentes versions des baigneurs et baigneuses ou celles de la partie de cartes. Les cartels et outils de médiation sont très clairs et apportent des éléments de compréhension sur le vie du peintre et son travail, même pour ceux qui découvrent l’artiste. Enfin, c’est l’occasion de voir des œuvres de Cezanne habituellement éparpillées dans les musées du monde entier (Canada, Etats-Unis, Japon, différents pays européens) mais aussi dans des collections privées. Ce sont plus de 130 œuvres de Paul Cezanne qui sont exposées sur les murs du Musée Granet, pour un plaisir visuel indéniable.

Tableau de Paul Cezanne représentant la bastide du Jas de Bouffan
La Maison du Jas de Bouffan, peinture de Paul Cezanne
Mon plus gros coup de cœur parmi les œuvres présentées.

La bastide du Jas de Bouffan, lieu de création

Après avoir un peu flâné en ville, et déjeuné à l’ombre de grands platanes sur une petite place, nous sommes parties pour la bastide du Jas de Bouffan. Heureusement que nous avions prévu un peu de marge avant le rendez-vous pour notre visite guidée car le GPS de la voiture nous a mal dirigées (nous avons pu nous retrouver avec l’aide de Google Maps..), et une fois sur place, nous avons constaté l’absence de stationnement proche. Coup de chance, en nous éloignant un peu, nous avons trouvé une (vraie) place dans une petite rue du quartier. Après la vérification de nos billets d’entrée, nous avons pu découvrir le jardin. Et là, c’était littéralement comme pénétrer dans un tableau de Cezanne. Après avoir vu le matin ses représentations des lieux, c’était vraiment chouette de les découvrir en vrai. En plus, un peu partout dans le parc, des chevalets ont été disposés avec des reproductions des tableaux devant l’emplacement représenté.

la bastide du Jas de Bouffan à Aix en Provence
Découvrir la réalité des lieux représentés par Cezanne

A l’heure dite, notre guide est venue nous chercher au point de rendez-vous. Elle a commencé par nous donner quelques consignes car la maison est encore en chantier. Nous avons d’ailleurs croisé des ouvriers lors de la visite. Toutes les pièces ne sont pas sécurisées et les lieux sont exigus. Sans être inintéressante, la visite de la bastide n’est pas non plus exceptionnelle (du moins à ce jour alors que les travaux de restauration ne sont pas achevés). J’ai malgré tout trouvé intéressant de voir le grand salon dont Paul Cezanne avait décoré les murs à même le plâtre. Ces « fresques » ont ensuite été en partie vendues à la découpe quand la maison a changé de propriétaires. Nous en avions vu quelques morceaux le matin, et les découvrir projetées à leur emplacement réel était intéressant. Parmi les autres pièces visitées, il y la cuisine provençale restaurée dans son état du XVIIIe siècle (avant donc l’achat de la bastide par les Cezanne), et la chambre de Léda, dont les décors de gypserie ont inspiré Paul Cezanne. Enfin, la visite se termine par l’atelier que le père de Paul Cezanne lui avait fait installer au dernier étage avec son immense verrière.

la façade avant de la bastide du Jas de Bouffan à Aix en Provence
On voit bien la verrière de l’atelier du peintre au dernier étage

Après cela, nous avons pris le temps de nous balader dans le jardin. C’est la partie de notre visite à la bastide du Jas de Bouffan que j’ai préféré. Là, tout rappelle les tableaux de Paul Cezanne : le bassin devant l’orangerie, les fontaines qui le bordent, les grands arbres. Les différences les plus notables avec l’état à la fin du XIXe siècle sont que les platanes ont remplacé les marronniers dans l’allée. Par ailleurs, on ne voit plus la Sainte Victoire depuis le jardin, entre la végétation qui a poussé et l’urbanisation de ce qui était alors la pleine campagne et est devenu un quartier d’Aix à part entière.

Informations pratiques

Cezanne 2025

  • L’exposition Cezanne au Jas de Bouffan se tient jusqu’au 12 octobre 2025 au Musée Granet (place Saint Jean de Malte, dans le quartier Richelieu). Côté temps de visite, nous avons passé plus de 2 heures dans l’exposition. C’est sans doute plus que la majorité des visiteurs car Melle 3e prend des notes (nous nous sommes fait beaucoup dépassées…).

    Précision sur l’estimation du temps de visite: Ayant vraiment apprécié l’exposition, j’y suis retournée fin août avec Mr 1er. Nous avons parcouru l’exposition un peu plus rapidement car il ne prend pas de notes, ne lit pas tous les cartels et que pour ma part, j’avais déjà lu l’ensemble des textes. Nous avons mis un peu moins d’1h30. Cela me semble être le temps raisonnable à prévoir, et je ne pense pas qu’on puisse vraiment profiter de l’exposition en moins d’une heure.

    Attention : le dispositif de sécurité à l’entrée du musée est impressionnant. Il n’est pas autorisé d’entrer dans l’exposition avec un sac trop volumineux, un sac à dos même de petite taille ou un sac à main qui ne peut pas se porter en bandoulière devant soi. Une consigne est disponible sur place. Il faut aussi prévoir d’arriver en avance par rapport à son créneau horaire pour passer la sécurité tranquillement.

  • La bastide du Jas de Bouffan (dans le quartier du même nom) est ouverte à la visite guidée uniquement actuellement car elle est encore en chantier de restauration. La visite dure 1 heure à l’intérieur de la maison, mais il est possible de profiter librement du jardin avant et après.
    A noter : il est interdit de boire à l’intérieur de la maison, mais quand nous y étions (un jour de forte chaleur) il y avait une fontaine d’eau potable (et fraîche) à côté de l’orangerie.
    Attention, il n’y a pas de stationnement à proximité immédiate de la bastide du Jas de Bouffan. Nous avons eu la chance de trouver une place dans une rue à quelques centaines de mètres, mais j’ai regretté de ne pas avoir pris l’option de venir en bus depuis le centre ville ni même d’avoir fait le trajet à pied (environ 1,5 km depuis la Rotonde).

ATTENTION : pour toutes ces visites, la réservation est obligatoire. Elle peut se faire en ligne via le site cezanne2025 ou à l’accueil de l’office de tourisme d’Aix en Provence (300 avenue Guiseppe Verdi, à côté de la place de la Rotonde).
Certains créneaux horaires partent très vite, particulièrement pour les visites à petite capacité de la bastide et de l’atelier. Aussi je vous conseille de réserver dès que vous savez quel jour vous venez.

fontaine de la rotonde à Aix en Provence
La fontaine de la Rotonde

Se loger, se restaurer

Hôtel Escaletto (74 Cours Sextius) : Mr 1er habite à Aix en Provence mais son studio est trop petit pour nous accueillir. J’avais donc réservé un hôtel en bordure immédiate du centre piéton ancien d’Aix. Je l’avais choisi en raison de son emplacement, permettant d’aller à pied chez Mr 1er et au musée Granet. En arrivant, j’ai aussi eu la bonne surprise de découvrir que l’hôtel possède un rooftop avec vue sur la Sainte Victoire. J’y ai profité le soir du coucher du soleil et le matin du lever du soleil. Nous y avons par ailleurs très bien dormi.

Les Fils à Maman (42 rue de la Verrerie) : un restaurant dans une ancienne chapelle à la décoration très vintage, surfant sur la nostalgie des 80’s. A l’entrée, l’effet wahou est garanti. La carte est ludique, mention spéciale pour la planche de tapas à partager. Le choix de cocktails est intéressant.

Quelques idées supplémentaires à Aix en Provence

  • Dans le cadre de l’année Cezanne, plusieurs lieux proposent des expositions thématiques. Par ailleurs, il est aussi possible de visiter l’atelier des Lauves, dernier atelier de Paul Cezanne qu’il fait lui-même construire (uniquement en visite guidée). Comme nous n’y sommes pas allées cette fois puisque j’ai confondu l’atelier des Lauves et la bastide du Jas de Bouffan, nous en avons noté la visite pour un prochain passage à Aix, tout comme celle des carrières Bibemus.
  • Le Musée des Tapisseries est situé à côté de la cathédrale dans l’ancien palais épiscopal. J’en ai eu de bons échos mais sans avoir encore l’occasion d’y aller.
  • L’Hôtel de Caumont accueille des expositions temporaires de grande qualité. Nous y avions vu celle consacrée à Chagall il y a une dizaine d’années et l’an dernier l’exposition sur Mucha. Jusqu’au 5 octobre 2025, c’est Nikki de Saint Phalle qui est exposée.
  • La Fondation Vasarely permet de découvrir le processus créatif du plasticien dans un véritable show-room de l’art cinétique.
  • Le centre ville d’Aix est très agréable pour s’y balader. Les rues sont bordées d’anciens hôtels particuliers et les places sont ponctuées de fontaines (Aix vient du latin acqua qui signifie eau). La cathédrale possède un baptistère paléo-chrétien ainsi qu’un cloître remarquable.

Aix en Provence – Bouches du Rhône – juillet 2025

[projet 52-2025] semaine 5 – voyager

Le thème du projet 52 cette semaine nous propose de voyager. Il y a de nombreuses façons de voyager, que ce soit « en vrai » ou virtuellement. La lecture, le cinéma, la télévision, internet ou même la radio peuvent être des moyens de voyager, de s’évader. On peut voyager loin ou à côté de chez soi. On peut varier les modes de transports, plus ou moins rapides (et plus ou moins écologiques). On peut se passionner pour les cartes, les plans ou les guides touristiques. On peut rêver en entendant ou en lisant les récits d’autres voyageurs. J’avais donc un peu l’embarras du choix face à ce thème.

Alors, je vais piocher dans mon dernier voyage. Il y a une quinzaine de jours, j’ai profité d’un week-end pour prendre le train et aller à Marseille (je vous raconte cela bientôt). C’est à même pas 1h30 de TGV de Valence et je n’y avais pourtant encore jamais mis les pieds. J’y ai retrouvé Mr 1er qui est actuellement à Aix en Provence pour ses études, pas très loin de la cité phocéenne donc. Pendant le trajet, j’ai largement profité des douces lumières d’un matin d’hiver en regardant défiler le paysage. Et quand le train s’est arrêté à la gare d’Aix TGV, j’ai rapidement capturé une image de la montagne Sainte Victoire, histoire de montrer à Mr 1er que j’arrivais bientôt.

vue sur la montagne Sainte Victoire – depuis le TGV arrêté en gare d’Aix en Provence TGV
Bouches du Rhône – janvier 2025


Pour découvrir comment et où les autres participants nous emmènent en voyage, il suffit de suivre les liens dans les commentaires.


A noter : c’est week-end d’anniversaire à la maison et nous serons en famille. Aussi, je vais très certainement manquer de temps pour venir valider les commentaires qui ne s’affichent pas tout de suite. Il est même possible que je ne puisse pas le faire avant le dimanche après-midi. Ne vous inquiétez pas, je passerai le faire dès que j’ai un moment.

[Bouches-du-Rhône] le plein de couleurs à la Fondation Vasarely

J’avais passé une journée à Aix en Provence au mois de mars dernier avec Melle 3e. Nous avions alors visité une exposition à l’Hôtel de Caumont. J’avais également repéré la fondation Vasarely, mais cette période de l’art contemporain intéressait moins Melle 3e, et nous n’avions pas le temps pour deux musées / expositions. Début novembre, Mr 1er s’est installé à Aix en Provence pour y effectuer son stage de fin d’études. Alors que j’étais descendue avec une voiture pleine de ses affaires, nous avons profité d’avoir un peu de temps sur place pour aller visiter la Fondation Vasarely.

bâtiment à l'architecture contemporaine
le centre architectonique

Une architecture hors du commun

C’est par son bâtiment que j’avais repéré la fondation Vasarely. En effet, lorsqu’on passe sur l’autoroute en direction de la Côte d’Azur, on passe au pied de la fondation, et avec son architecture présentant des ronds blancs dans des carrés noirs et inversement, il est impossible de la manquer. Le Centre Architectonique a été conçu dans les années 1970 par Victor Vasarely lui-même afin d’abriter sa fondation. Composé de 16 hexagones, chacun large de 14 mètres, le bâtiment s’inscrit dans un rectangle de 96 mètres par 40. C’est un immense vaisseau à la gloire de l’œuvre, encore en cours de création, de l’artiste plasticien. Le lieu lui-même répond aux critères esthétiques de Vasarely et reprend les codes qu’il a décrits. Il utilise des matériaux modernes,, qui donne aujourd’hui à l’ensemble une allure de décor de film.

bâtiment à l'architecture contemporaine se reflétant dans un plan d'eau
Avec son miroir d’eau, le bâtiment aixois de la fondation Vasarely est imaginé comme un château contemporain
une cafétéria des années 1970 dans les tonalités de gris
La cafétéria entre l’aluminium et les tons gris du skaï des fauteuils semble sortie d’un décor de film futuriste des années 1960
escalier à double révolution avec garde corps en aluminium et panneaux de verre
L’escalier à double révolution est une interprétation contemporaine de celui du château de Chambord

Des œuvres monumentales

La fondation a été conçue par Victor Vasarely, et sa femme Claire, comme un écrin pour recevoir une quarantaine d’œuvres monumentales (allant jusqu’à 8 mètres de haut pour 6 mètres de large), dites intégrations, du plasticien. La plupart sont mêmes directement assemblées sur place. Elles occupent les alvéoles créées par les hexagones du bâtiment. En passant d’une alvéole à l’autre, on découvre ainsi l’ensemble du vocabulaire de l’artiste. Connu pour son exploitation des couleurs et des formes géométriques, et leur combinaison, l’art de Vasarely joue sur les effets optiques et cinétiques. Ainsi, certaines compositions semblent être en relief alors qu’elles sont bien réalisées à plat, tandis que d’autres semblent se mouvoir. Si l’effet peut être bluffant sur certains petits formats présentés à l’étage, c’est carrément impressionnant sur les œuvres monumentales du rez-de-chaussée.

Fondation Vasarely – Aix-en-Provence – Bouches-du-Rhône – novembre 2024

(*) La fondation Vasarely est située dans les faubourgs d’Aix en Provence. Les conditions de visite sont à retrouver sur le site de la fondation Vasarely. Elle est desservie par le réseau de bus d’Aix en Provence, arrêt Vasarely. L’accès au jardin est gratuit. Il présente quelques oeuvres et permet d’admirer le bâtiment du centre architectonique avec son miroir d’eau. Depuis l’arrière du bâtiment, il y a une magnifique vue sur la montagne Sainte Victoire.


Bonus : balade dans le centre-ville d’Aix-en-Provence à l’automne

Nous avons aussi profité du beau soleil de cette journée d’automne pour faire un tour dans les rues piétonnes du centre ville, et flâner un peu sur le marché. La ville est agréable pour se balader, avec ses places et ses fontaines. Nous avons même pu profiter de la place d’Albertas sur laquelle les travaux de réhabilitation étaient terminés.

La vue sur la montagne Sainte Victoire, paysage iconique d’Aix en Provence, depuis le jardin de la Fondation Vasarely

Aix en Provence – Bouches du Rhône – novembre 2024

[Bouches-du-Rhône] une journée à Aix-en-Provence

J’étais déjà allée à Aix-en-Provence il y a 5 ans. Si j’avais globalement apprécié la ville, cela n’avait pas non plus été un coup de cœur absolu, et Aix ne faisait pas partie de ces villes où j’ai particulièrement envie de retourner. Mais alors pourquoi y avoir passé une journée, me direz vous. Tout simplement parce que l’Hôtel de Caumont présentait une exposition que Melle 3e souhaitait voir, et que tant qu’à faire le trajet, autant en profiter pour se balader en ville, et donner une seconde chance à Aix-en-Provence d’intégrer le club des villes où je veux revenir.

Place des Quatre Dauphins – quartier Mazarin

Flâner dans la vieille ville

Nous sommes arrivées à Aix-en-Provence en milieu de matinée un samedi. J’aurais préféré venir en semaine mais je ne pouvais pas prendre de congés et la date de fin de l’exposition approchait. Nous devions donc y aller durant un week-end. J’avais fait le choix du samedi par rapport au dimanche pour pouvoir profiter en ville des boutiques ouvertes, ce qui est toujours plus agréable. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est que c’est aussi le jour du marché. Et le marché d’Aix du samedi matin, à la fois alimentaire et non alimentaire, est très vaste, s’étendant sur le Cours Mirabeau et de nombreuses places de la ville. Il attire aussi logiquement beaucoup de monde, rendant l’accès au stationnement un peu laborieux (et j’avais pourtant opté pour un très vaste parking souterrain mais il m’a fallu faire preuve de beaucoup de patience pour y accéder, puis descendre assez bas pour trouver une place !).

Place des Prêcheurs

Nous avons ensuite fait tous nos déplacements à pied, parcourant la vieille ville dans tous les sens. Nous avons commencé par les quartiers les plus anciens, au plan un peu anarchique. Les petites rues sont bordées des belles façades des anciens hôtels particuliers. Certains ont été transformés en boutiques. Nous en profitons pour entrer dans les cours, et jeter un œil aux escaliers majestueux.

Les jolies façades aux tonalités chaudes
Quand le soleil joue avec les fenêtres dans l’escalier de l’hôtel Boyer d’Eguilles (qui abrite la boutique Aroma-Zone)

Parmi les curiosités dans le centre ville d’Aix-en-Provence, il y a les fontaines. Construites entre les XVe et XIXe siècles pour approvisionner les habitants de la ville en eau, elles sont aujourd’hui des éléments décoratifs, sources de fraîcheur en été. Lors de notre visite, toutes les fontaines n’étaient pas en activité. Nous avons toutefois pu profiter de certaines d’entre elles, au hasard des places et des rues. Nous n’avons bien sûr pas manqué de jeter un œil à la fontaine moussue du Cours Mirabeau. Cette dernière se trouve en effet maintenant complètement engloutie par une énorme concrétion de tuf qui s’est déposée depuis sa construction en 1667 et sur laquelle la végétation s’est développé. Elle a la particularité d’être alimentée par une source chaude et sourd autour de 20° C toute l’année.

Place des Trois Ormeaux
Fontaine des Neuf Canons – Cours Mirabeau

Découvrir une libraire atypique

Alors que nous envisagions de passer cette journée à Aix-en-Provence, le hasard des réseaux sociaux m’a fait tomber sur une publication Instagram de la librairie Mon Chat Pitre. Le concept de la « ronron » librairie est celui d’une librairie aux allures cosy dans laquelle plusieurs chats évoluent en liberté. Tous ont été adoptés via une association. Forcément, nous avons eu envie d’aller découvrir ce qu’il en était. La façade est modeste mais ne laisse pas de doute sur le lieu. En vitrine, outre quelques ouvrages mis en valeur, on ne peut pas manquer le grand fauteuil, couvert de poils, et sur lequel un félin fait sa sieste. L’établissement, tout en longueur, se divise en plusieurs petites salles. Certaines ont un éclairage zénithal et toutes de jolis luminaires. Sur les tables et le long des murs, on trouve une belle sélection de livres. Après avoir trainé dans les rayons, difficilement fait un choix et croisé quelques chats libraires, nous passons à la caisse où les chats caissiers nous attendent. Nous ne regrettons pas du tout d’avoir entendu parler de cette librairie atypique où nous avons passé un bon moment.

Dès la vitrine, le ton est donné !
Une librairie qui donne envie de chercher son bonheur livresque
A la caisse, un assistant pas toujours très efficace

(*) Librairie Mon Chat Pitre, 13 rue de Montigny, Aix-en-Provence

Profiter d’une exposition à l’Hôtel de Caumont

Comme je l’ai dit plus haut, si nous sommes venues à Aix-en-Provence, c’est avant tout pour voir une exposition, présentée à l’Hôtel de Caumont. Melle 3e avait en effet repéré dès le début de l’automne la monographie consacrée à Alphonse Mucha et m’avait convaincue d’y aller. Il y a cinq ans, nous avions vu une exposition d’œuvres de Chagall dans le même centre d’art, situé dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle au cœur du quartier Mazarin. Après avoir jeté un œil aux deux salles patrimoniales rappelant la vie passée de l’Hôtel de Caumont, nous entrons dans le vif du sujet.

L’escalier d’honneur de l’Hôtel de Caumont a été pavoisé aux couleurs de l’exposition en cours

Si vous ne connaissez pas le nom de Mucha, vous avez sans doute déjà vu ses illustrations (ou des illustrations inspirées de son style). Né en République Tchèque (à l’époque où c’était une province de l’Empire Austro-Hongrois), Mucha arrive à Paris en 1887. Il rencontre d’autres artistes dont Paul Sérusier avec qui il se lie d’amitié. Ses qualités graphiques le font vite remarquer et il travaille avec la maison d’édition Armand Colin ou l’imprimeur Lemercier. C’est par ce dernier qu’il entrera en contact avec l’actrice Sarah Bernhardt en 1894, qui souhaite une nouvelle affiche pour Gismonda, la pièce qu’elle joue et qui est en perte de vitesse. Mucha est le seul illustrateur disponible. Sa proposition casse les codes en vigueur et pose les bases de son style. La pièce est un succès et Mucha devient l’illustrateur attitré des affiches des pièces de Sarah Bernhardt. Il affirme son style qu’il déploie sur les affiches de spectacle, mais aussi les publicités (et on peut au passage se rendre compte que l’image d’une femme un peu dénudée est déjà à la fin du XIXe siècle une méthode de marketing pour vendre tout et n’importe quoi : vins, bières, biscuits, vélos…).

La primevère (lithographie – 1899)

Convaincu que le beau doit être à la portée de tous, Mucha fait aussi éditer des illustrations allégoriques, où l’on sent sa proximité avec le mouvement symboliste. Il propose ainsi des séries autour des fleurs, des saisons, des arts, des moments de la journée. A chaque fois, on y retrouve son style si particulier et que l’on associe maintenant immédiatement à l’Art Nouveau. L’exposition parcourt ainsi la vaste production lithographique de Mucha. La dernière salle, toutefois, est dédiée à l’œuvre plus tardive de Mucha, une œuvre plus « slave », directement inspirée de son pays natal où il retourne en 1910 après quelques années aux Etats-Unis. Il peint alors en particulier une vaste série de vingt toiles monumentales, L’épopée slave, qui retrace l’histoire des slaves depuis le IIIe siècle. Si L’épopée slave n’est pas présentée lors de l’exposition (elle est cependant largement évoquée à travers une salle immersive qui plonge le spectateur au cœur de l’œuvre porté par la musique de Dvořák), d’autres toiles d’inspiration nationaliste et symboliste sont présentes. Si l’on y retrouve certains traits du « style Mucha », elles sont cependant bien différentes de son travail de dessinateur. De plus, elles apportent un éclairage sur le décalage entre l’artiste tel qu’il a été connu et l’artiste tel qu’il aurait souhaité être connu.

La rose (détail)- série Les Fleurs
lithographie – 1898
L’iris (détail) – série Les Fleurs
lithographie – 1898
L’été (détail) – série Les Saisons
lithographie – 1896
La Madone aux lys (détail)
huile sur toile – 1905
L’exposition permet aussi de découvrir les méthodes de travail de Mucha et en particulier, les photos de préparation de ses illustrations et tableaux. Il avait en effet pour habitude de faire poser des modèles, se mettant parfois lui-même en scène tout comme sa famille et ses amis.

(*) L’exposition « Mucha, maître de l’Art Nouveau » se tient jusqu’au 24 mars 2024 au centre d’art de l’Hôtel de Caumont à Aix-en-Provence. Vous pourrez retrouver tous les détails pratiques sur le site internet de l’Hôtel de Caumont.
L’exposition suivante sera consacrée à Bonnard.
Je vous conseille vivement de réserver vos billets à l’avance sur internet : cela vous évitera une première queue à l’entrée du centre d’art. Par contre, en cas de forte affluence, il est possible que vous deviez quand même attendre un peu avant d’entrer dans l’exposition ensuite. En effet, les espaces sont relativement restreints et ont une jauge limitée. Par ailleurs, pour un meilleur confort de visite, je vous recommande de cibler des jours/horaires à moindre fréquentation pour les expositions à l’Hôtel de Caumont. Nous y étions un samedi de vacances scolaires, et si en arrivant pendant l’heure du déjeuner, nous avons pu éviter les files d’attente, il y avait énormément de monde dans les salles. Nous avons parfois du attendre avant de pouvoir visualiser correctement une œuvre par exemple.


Après la visite de l’exposition (ce qui nous a quand même pris pas loin de 2 heures), même s’il n’était pas très tard encore, nous étions fatiguées d’avoir piétiné dans la foule, et avons renoncé à aller faire un tour au musée Granet que nous avions pourtant repéré. Nous avons opté pour un goûter et quelques achats gourmands avant de reprendre la route du retour.

Façade sur le Cours Mirabeau


Adresses gourmandes

  • Nous avons profité de la météo plutôt clémente pour déjeuner en terrasse. Elles sont nombreuses dans la vieille ville, situées sur des places ou le long de rues piétonnes. C’est le hasard qui nous a conduit dans un bar à salades et sandwiches très sympa, où l’on constitue son repas en cochant les ingrédients que l’on souhaite sur une petite fiche.

    (*) Miam Miam, 9 rue Laurent Fauchier, Aix en Provence
  • Pour le goûter, nous sommes allées à l’Atelier du Mochi. Nous l’avions repéré le matin en croisant une personne qui avait un sac de la boutique. Quelques petites tables à l’intérieur mais surtout en terrasse permettent de déguster sur place les mochis traditionnels ou glacés fait maison, en les accompagnant d’un thé ou d’une boisson fraîche. Nous avons tellement apprécié ces mochis que nous en avons aussi acheté à emporter pour notre dessert du soir.

(*) L’atelier du Mochi, 10 rue Boulegon, Aix-en-Provence

  • Impossible de repartir d’Aix en Provence sans calissons. Ces confiseries au melon et à l’amande sont en effet une spécialité locale. On en trouve bien entendu un peu partout en ville, mais une connaissance m’avait conseillé de les prendre à la Chocolaterie de Puyricard. Je ne regrette pas du tout d’avoir suivi son conseil : ce sont les meilleurs calissons que j’ai eu l’occasion de déguster. On y sent bien les goûts du melon et de l’amande sans qu’ils soient trop sucrés.

(*) Chocolaterie de Puyricard, plusieurs boutiques en France, dont 2 à Aix. Nous sommes allées à celle située en bas du Cours Mirabeau


Aix-en-Provence – Bouches du Rhône – mars 2024