[Ardèche] une balade à la préhistoire sur les hauteurs de Soyons

Si je vais assez souvent me promener sur le massif de Crussol, je vais plus rarement jusqu’à son petit frère, le massif de Soyons. Ils ont pourtant beaucoup de points communs et sont issus du même plissement géologique, bordant tous les deux la « vallée morte », l’ancien lit du Rhône. Soyons est dominé par un vestige féodal, la Tour Penchée, lui même installé sur un ancien oppidum gaulois. Aller se promener sur le massif de Soyons, c’est à la fois une pause nature et un saut dans le passé, jusqu’aux temps lointains de la préhistoire.

à travers une fenêtre dans la végétation, on voit la vallée du Rhône et le massif montagneux de la forêt de Saoû
Vue sur la vallée du Rhône et la forêt de Saoû depuis le massif de Soyons

Une balade sur le massif de Soyons

Dans la forêt au pied de la Tour Penchée pour profiter de l’ombre

La dernière fois que j’étais allée à Soyons, il ne faisait pas très beau. Cette fois, la météo était très printanière, et le soleil brillait. J’avais comme idée de visiter les grottes. Aussi, après avoir laissé la voiture au parking, j’ai commencé l’ascension des quelques 300 marches qui permettent d’accéder à l’entrée du site archéologique. C’est aussi ce chemin que l’on emprunte pour aller jusqu’au plateau de Malpas et à la Tour Penchée. Cette fois, je me suis contentée de l’observer de loin.

branche d'arbre en fleurs
Au bord du chemin, les arbres sont fleuris

C’est après la visite des grottes que j’ai fait une jolie balade dans la forêt qui couvre le massif. J’ai en effet choisi d’emprunter ce chemin pour me rendre à pied au cœur du village où se trouve le musée archéologique. J’ai ainsi pu marcher à l’ombre des arbres, même si à cette période de l’année, les feuillages n’étaient pas encore présents. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de profiter de jolis points de vue sur la vallée du Rhône, le fleuve ayant une jolie couleur bleue sous le soleil.

un chemin de terre dans la forêt
Les chemins se faufilent entre les arbres dans la forêt
une vue sur la vallée du Rhône
Apercevoir le Rhône et la plaine de Valence depuis les hauteurs du massif de Soyons

Sur le Serre de Guercy, une vue à 360 degrés

Je ne suis pas cette fois montée jusqu’à Serre de Guercy, mais les chemins qui parcourent le massif de Soyons permettent d’y accéder assez facilement depuis le chemin des grottes. De là-haut, on domine la vallée morte, mais surtout on bénéficie d’un panorama à 360 degrés sur les environs. C’est à mon avis l’un des plus jolis points de vue sur la Tour Penchée.

vue sur la Tour Penchée de Soyons en Ardèche
La Tour Penchée vue depuis le Serre de Guercy – un jour avec beaucoup de pollution – janvier 2017
vue sur la Tour Penchée de Soyons en Ardèche, et le plateau de Malpas
Le plateau de Malpas et la vallée du Rhône, vus depuis le Serre de Guercy
un jour avec beaucoup de pollution – janvier 2017

La découverte du site archéologique

Les grottes, dans les pas de Néandertal

Comme je le disais, ce qui m’avait amenée sur le massif de Soyons, c’était la perspective de (re)visiter les grottes. J’y étais déjà venue en octobre 2011, quelques mois après mon arrivée dans la Drôme, mais j’en avais un souvenir très flou. Il faut dire que ce jour-là, j’étais accompagnée de 5 enfants et adolescents (Mr 1er, Mr 2e, Melle 3e et deux de leurs cousines). Je pense que j’avais passé plus de temps à surveiller tout ce petit monde qu’à m’intéresser à la visite.

le logo du site archéologique de Soyons Grottes et Musée, qui représente une tête de mammouth
J’aime beaucoup le logo du site archéologique de Soyons avec son mammouth sympathique

Les grottes de Soyons (on en connait actuellement 8) ont été utilisées à la préhistoire comme abri par les hommes de Néandertal. Plus tard, certaines ont servi de sépultures au néolithique. C’est cependant sur la période Néandertal qu’elles sont le plus intéressantes et les archéologues qui continuent à fouiller y ont fait d’importantes découvertes. Celles-ci nous aident à mieux comprendre Néandertal qui était beaucoup plus évolué qu’on l’a longtemps pensé. Loin de l’image simiesque, Néandertal était une vraie civilisation. Ainsi, les fouilles nous ont permis d’apprendre qu’il avait découvert comment faire du feu, mais aussi qu’il utilisait des outils pour chasser, préparer sa nourriture ou encore coudre. A Soyons, on a pu trouver aussi des traces de cannibalisme à l’époque de Néandertal (et c’est le cas sur seulement 10 autres sites en Europe), même si on ne sait pas (encore ?) en expliquer les raisons (parmi les hypothèses : un rituel pour s’approprier les capacités de ses ennemis ou d’un membre éminent de la communauté ou encore le manque de nourriture). On a aussi retrouvé de nombreux os d’animaux, permettant de se faire une idée très précise de la faune qui peuplait les environs à la préhistoire : mammouths, ours des cavernes, hyènes, lions des cavernes…

La visite permet de découvrir deux des grottes de Soyons, la grotte de Néron (rien à voir avec l’empereur romain : c’était le nom du chien qui a trouvé l’entrée au XIXe siècle) et le trou du Renard (parce qu’on y a découvert un squelette de renard…). Dans la première, des reconstitutions ont été installées, permettant de se faire une idée à taille réelle à la fois de nos « cousins » Néandertal (qui nous ont légué entre 2 et 4% de leur ADN) et des animaux qu’ils pouvaient croiser tandis que le guide montre divers artefacts retrouvés dans la grotte pour appuyer ses propos. Dans la seconde grotte, le visiteur peut surtout admirer de très belles concrétions géologiques : draperies, fistuleuses, stalactites et stalagmites. Avec un peu de chance (et cela a été mon cas), vous apercevrez aussi quelques minuscules chauve-souris.

dans une grotte, on aperçoit des mannequins représentants des hommes préhistoriques ainsi qu'un ours et un lion des cavernes
Petit coup d’oeil à la grotte de Néron à travers la grille (les photos sont interdites dans les grottes)

Le musée et son mammouth

Après la visite des grottes, je suis allée dans le village de Soyons pour visiter le petit musée archéologique qui est compris dans le billet d’entrée des grottes. Dans trois petites salles, on peut voir des fossiles préhistoriques ainsi que des artefacts taillés par l’homme à la préhistoire dont la plus grande partie a été retrouvé dans les environs (quelques fossiles viennent de régions plus lointaines). On peut également admirer une mosaïque datant de la période gallo-romaine, ainsi que quelques pierres sculptées. Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est le mammouth (enfin demi mammouth serait plus exact car il n’y a que l’avant). Si les squelettes de mammouth ne sont pas rares, les conditions de découverte de celui-ci sont plutôt amusantes. C’est en effet un habitant de Soyons qui l’a découvert par hasard sous sa maison en creusant pour aménager sa cave (et c’est pour cela que le logo du site archéologique est un mammouth).

tableau présentant des silex taillés
Présentation old school des silex taillés trouvés à Soyons
dents de bébé mammouth
J’ai appris au cours de ma visite que le bébé du mammouth s’appelle un mammoutheau et que le mammouth a 6 poussées de dents par cavité dentaire au cours de sa vie.
squelette fossile de mammouth
Le fameux mammouth de Soyons


Soyons – Ardèche – avril 2025


(*) Les grottes et le musée archéologique se visitent avec le même billet. Il est conseillé de se rendre d’abord aux grottes, au pied desquelles se trouve un parking. Le stationnement dans le village, aux ruelles étroites, est déconseillé.
Attention, pour accéder aux grottes, il faut monter environ 300 marches et faire une petite marche d’approche. Les visites de la grotte de Néron et du trou du Renard sont exclusivement guidées et le départ se fait environ toutes les 30 minutes à la grotte de Néron. L’horaire de la prochaine visite est affiché sur place, et l’achat des billets se fait sur place. L’ensemble des informations est à retrouver sur le site internet des grottes de Soyons.
Pour rejoindre le musée depuis les grottes, il est possible de passer par la forêt ou de redescendre pour longer la route (très passante).

un chat gris sur des marches en pierre
En traversant le village pour aller au musée, on peut croiser des habitants sympathiques

Le massif de Soyons offre de nombreuses possibilités de randonnées. L’accès à la Tour Penchée depuis les grottes est assez facile. Si vous voulez vous y rendre directement, et que vous vous stationnez au parking des grottes, il faudra aussi passer par la montée des 300 marches. On trouve de nombreuses orchidées sauvages au printemps sur le massif de Soyons. Des balades sont organisées par la communauté de communes pour découvrir cet espace naturel.

une tour médiévale en ruine
La Tour Penchée de Soyons

[Auvergne] deux jours au pays des Arvernes

Après un week-end à Issoire début juin, je suis retournée passer un week-end en Auvergne une quinzaine de jours plus tard. Cette fois, je me suis arrêtée un tout petit peu plus au nord, au niveau du plateau de Gergovie et du territoire Mond’Arverne. J’avais en effet un joli programme pour occuper ces deux jours, entre découvertes culturelles, activités ludiques, jolis villages et balades. Le soleil a en plus été au rendez-vous tout le long du séjour. Venez, je vous emmène !

Vue sur le Puy de Dôme depuis le plateau de Gergovie

Une journée sur le plateau de Gergovie

Si vous vous souvenez de vos cours d’histoire, la bataille de Gergovie est la seule victoire avérée de Vercingétorix sur Jules César lors de la guerre des Gaules. C’est Jules César lui-même qui relate la bataille, la stratégie mise en place par les deux camps et comment il a du battre en retraite. Le site de Gergovie était avant tout un oppidum gaulois, c’est-à-dire une ville organisée, protégée et installée de façon pérenne sur le site. L’oppidum s’étendait sur toute la superficie du plateau. Des fouilles y sont toujours réalisées afin de mieux comprendre l’organisation de la vie des Arvernes (les gaulois qui étaient établis dans l’actuelle Auvergne).

Musée de Gergovie

Un musée a été implanté sur le plateau de Gergovie afin de restituer in situ les découvertes archéologiques qui y ont été faites. De conception moderne (il a ouvert en 2019), il explique via une muséographie multimédia dynamique la vie sur le plateau et le déroulement de la bataille (mention spéciale pour la projection sur une carte en relief des mouvements des gaulois et romains, permettant de bien comprendre ce qu’il s’est passé en 52 av. JC). Le musée organise aussi régulièrement des activités afin de découvrir l’histoire de façon ludique. J’ai eu le plaisir d’en essayer deux : l’escape game et le parcours d’orientation.

Musée de Gergovie

Tempête pour un crâne, un escape game au musée

Avec un groupe d’éclaireurs Partir-Ici.fr, avions rendez-vous le matin à l’entrée du musée de Gergovie pour découvrir en avant-première l’escape game qui est lancé cet été. Après la présentation du contexte (le facétieux voleur Jules C.Sarre a remplacé une cruche gauloise par un pichet en plastique, le conservateur Vincent G. Torique a 1h pour retrouver la cruche afin de la remettre en place avant la visite de l’inspecteur du patrimoine), nous nous répartissons en petits groupes de 3 ou 4 personnes, investissant chacun une salle du musée. Là, nous découvrons plusieurs boîtes cadenassées un peu partout dans la salle. Nous allons devoir toutes les ouvrir en moins de 45 minutes à l’aide des indices que nous trouverons afin de récolter des renseignements permettant de trouver la cruche. Après avoir ouvert toutes nos boîtes dans le délai imparti, nous nous regroupons avec les groupes des autres salles afin de mettre nos informations en commun et de retrouver la cruche.

Escape game au Musée de Gergovie

J’ai beaucoup aimé cet escape game plutôt complexe. Il ne nécessite pas vraiment de manipulations mais il demande pas mal de concentration. Les énigmes sont subtiles et font se poser beaucoup de questions. J’ai partagé cette expérience avec Murielle de Balades autour de Lyon et Léa et Mickaël de Le Monde des Mirons, et nous avons tous apprécié. Compte-tenu de sa complexité, cet escape game est plutôt destiné à des grands ados et des adultes, parfait pour un moment en famille ou entre amis.

Un parcours d’orientation autour du site archéologique

Après un pique-nique à base de produits du terroir (l’Auvergne est vraiment un paradis pour qui aime la charcuterie et/ou le fromage), nous avons débuté l’après-midi en testant l’autre activité qui est lancée cet été : le parcours d’orientation à énigmes. Munis d’une carte de course d’orientation, nous devons retrouver les balises réparties sur tout le plateau de Gergovie. Chaque balise nous révèle un indice qui permet de répondre à l’énigme correspondante sur notre feuille. Le parcours nous permet de découvrir l’intégralité du plateau et de nous attarder sur les panneaux d’information que nous croisons. Nous découvrons ainsi le chantier de fouilles archéologiques, les vestiges de l’oppidum, le monument à Vercingétorix. Nous faisons de la lecture de paysage alors que la balade nous emmène tout autour du plateau, permettant une découverte à 360° des environs.

Le monument à Vercingétorix
Lecture de paysage
Depuis la table d’orientation au milieu du plateau de Gergovie

J’ai fait ce parcours d’orientation à énigmes de nouveau avec Murielle, Léa et Mick, et nous avons été rejoints par Charlotte de Mond’Arverne Tourisme. Même si nous avons eu un peu de mal à trouver les premières balises, nous avons finalement réussi à répondre à toutes les questions. Nous avons arpenté le plateau en long et en large, profitant pleinement des lieux. Nous avons aussi pas mal papoté et rigolé, ce qui a pu nuire à notre efficacité mais a contribué à passer un bon moment. Ce parcours peut être fait sans aucun problème avec des enfants qui marchent bien (compter 1h30 pour faire toute le parcours). Il permet d’allier le côté sportif et ludique à la découverte culturelle, sans les aprioris d’une visite de musée.

(*) Ces deux activités sont organisées par le Musée de Gergovie dans le cadre des animations de l’été. Deux dates sont proposées pour chacune : 7 juillet et 25 août 2023 en soirée pour l’escape game et 28 juillet et 4 août 2023 en matinée pour le parcours d’orientation. N’hésitez pas à faire un tour sur le site internet du musée car il y a d’autres propositions d’animations, de visites et de balades qui ont l’air très chouettes également.
ATTENTION : il y a peu d’ombre sur le plateau, pensez donc aux chapeaux, à la crème solaire et à la gourde d’eau pour le parcours d’orientation !

Une matinée à la découverte des petites cités de caractère

J’ai profité de ma venu sur le plateau de Gergovie pour prolonger un peu mon séjour et découvrir quelques autres pépites du territoire de Mond’Arverne Tourisme. Parmi celles-ci, on retrouve trois petites cités de caractères. Je suis partie les explorer un matin.

Vue sur Saint Saturnin depuis les hauteurs

Saint Saturnin

Le hasard a fait que j’ai passé une nuit à Saint Saturnin, dans une des chambres d’hôtes du Bistrot d’Ici (que je recommande car tout était top : l’accueil, la chambre, la situation géographique, le petit déjeuner..). Après avoir pris mon petit déjeuner sur la terrasse du bistrot, je suis donc naturellement partie me balader dans les ruelles de Saint Saturnin. Le village est construit sur une butte, dominée par un château et une église romane (qui comme celle d’Issoire fait partie des églises romanes majeures d’Auvergne). J’ai profité du calme matinal pour visiter l’église, admirer la façade du château (il se visite mais le jour où j’y étais n’était ouvert que l’après-midi) et découvrir les points d’intérêt du village, dont la jolie fontaine Renaissance.

Les maisons du village aux jolies façades
Lumière du matin sur l’église de Saint Saturnin et la place du château
La fontaine Renaissance devant le château de Saint Saturnin
L’église romane de Saint Saturnin
Le clocher de l’église et une tour des anciennes fortifications du village de Saint Saturnin
Façades médiévales

La Sauvetat

Je n’avais pas spécialement prévu d’aller à La Sauvetat mais j’y suis passée en allant vers Vic le Comte. Il aurait été dommage de ne pas s’arrêter pour explorer la petite cité dominée par son donjon. Le cœur de la cité est construit autour de l’ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Lors de mon passage, le village était encore partiellement endormi. J’ai toutefois croisé une habitante qui m’a indiqué que les maisons restaurées du fort sont ouvertes lors de manifestations et évènements culturels.

La porte Saint Jean de La Sauvetat
Vue sur le donjon de La Sauvetat depuis le fort villageois

Vic le Comte

Des trois petites cités de caractère du territoire de Mond’Arverne, Vic le Comte est la plus grande. Arrivée sur place un dimanche en milieu de matinée, la petite ville était bien vivante. J’ai fait un tour plutôt rapide dans les rues bordées de maisons anciennes. Je me suis un peu attardée au bord de la fontaine de la place du Vieux Marché. Mais surtout, j’ai regretté de ne pas pouvoir disposer de plus de temps pour admirer la Sainte Chapelle de Vic le Comte (la messe dominicale allait débuter). Je ne m’attendais pas du tout à trouver un tel joyau de la Renaissance au cœur de l’Auvergne.

Façades en arkose et pans de bois à Vic le Comte
Fontaine de la place du Vieux Marché
L’ancien château de Vic le Comte

En effet, la construction d’une Sainte Chapelle répondait à des critères précis : elle devait être incluse dans le château d’un membre d’une famille royale (le château était celui de Jean Stuart, neveu du roi d’Écosse), être fondée par Saint Louis ou un de ses descendants (Louis XII pour celle de Vic le Comte) , abriter des reliques de la Passion du Christ (épine de la Sainte Couronne ou éclat de la Vraie Croix), avoir un plan uniforme similaire à celui de la première Sainte Chapelle (celle de Paris, bâtie au cœur du palais royal de Saint Louis, devenu depuis la Conciergerie et le palais de justice de Paris), et les messes devaient y être dites aux mêmes heures qu’à Paris. Seulement 11 Saintes Chapelles ont été édifiées et seules 7 sont encore visibles de nos jours. Celle de Vic le Comte, plus tardive que d’autres, se distingue par l’élégance de ses sculptures Renaissance en pierre blanche. Depuis, la Sainte Chapelle de Vic le Comte a été agrandie d’un nef pour devenir église paroissiale.

La Sainte Chapelle de Vic le Comte

Une pause sur le plateau de Corent

Après avoir visité les petites cités de caractère du territoire de Mond’Arverne, j’ai pris la direction du site archéologique du plateau de Corent. Tout comme à Gergovie, il y avait à Corent un oppidum gaulois. Il semblerait même que Corent a été la première capitale des Arvernes, avant Gergovie. En effet, des fouilles récentes (essentiellement depuis 2001) ont montré une occupation du site depuis le néolithique et il constitue une des plus vastes agglomérations connues de l’âge du bronze en Europe. De nombreuses découvertes (sanctuaire, habitat, bâtiments publics, ..) ont été faites sur le site archéologique de Corent permettant de mieux comprendre l’organisation et la civilisation gauloises. Sur place, de nombreux panneaux d’interprétation jalonnent un sentier qui permet de faire le tour du site et d’en apprendre plus sur les vestiges découverts ici et leur interprétation.

Sur les vestiges de la cité gauloise, des éléments de reconstitution ont été mis en place.
L’entrée du sanctuaire de la cité gauloise de Corent
Le parcours d’interprétation permet de découvrir tout le site archéologique

Une nuit au bord du lac d’Aydat

Chronologiquement, c’est par la nuit au bord du lac d’Aydat que mon séjour sur le territoire Mond’Arverne a débuté. J’étais en effet arrivée la veille de ma journée sur le plateau de Gergovie car nous y avions rendez-vous tôt le matin et ce n’est pas tout près de chez moi (il faut compter 3 heures de route depuis la Drôme, j’ai donc profité de la veille pour d’autres découvertes auvergnates dont je vous reparlerai). J’avais choisi de prendre un hôtel au bord du lac afin de pouvoir me balader tranquillement à pied en fin de journée mais surtout au petit matin. J’aime en effet beaucoup les ambiances (très) matinales sur les plans d’eau en été, quand les premiers rayons du soleil viennent réchauffer la surface de l’eau, refroidie par la nuit. Et je dois dire que le lac d’Aydat m’a particulièrement gâtée. Je suis sortie faire un tour du lac à pied au lever du soleil, et c’était juste magique !

Balade de fin d’après-midi au bord du lac d’Aydat
Balade de fin d’après-midi autour du lac d’Aydat
Lever de soleil au dessus du lac d’Aydat
La magie des petits matins d’été sur les plans d’eau
Tour matinal du lac d’Aydat
Petit matin sur la plage du lac d’Aydat


La journée sur le plateau de Gergovie était la raison de ma venue en Auvergne. En effet, avec un groupe d’éclaireurs Partir-Ici.fr (la plateforme d’Auvergne Rhône Alpes Tourisme pour un tourisme de proximité), j’étais invitée par Mond’Arverne Tourisme et Clermont Auvergne Tourisme à découvrir en avant-première deux activités organisées par le Musée de Gergovie dans le cadre d’une collaboration (commerciale). Je les remercie tous.

Par ailleurs, j’ai fait seule toutes les autres expériences, visites, activités, payant les droits d’entrée quand il y en avait, ainsi que les nuitées d’hôtel/chambre d’hôtes. Mes avis, qu’il s’agisse d’activités où j’ai été invitée ou que j’ai moi même financées, restent toujours libres et sincères.


Plateau de Gergovie & territoire de Mond’Arverne – Auvergne – juin 2023

[Isère] le musée archéologique Saint Laurent

Ceci est une sortie d’avant confinement…

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Le musée archéologique Saint Laurent est situé dans le quartier éponyme de Grenoble. Je n’avais initialement pas prévu d’y aller mais j’avais encore du temps avec de repartir en sortant de l’exposition des photographies de Vivian Maier. Je n’avais jamais prêté attention à l’existence de ce musée jusqu’à ce que j’en entende parler quelques jours avant mon passage à Grenoble. L’occasion de m’y rendre était donc toute trouvée.

Le musée est situé dans l’ancienne église Saint Laurent. L’église telle que nous la voyons aujourd’hui a été construite au XIIe siècle par des moines bénédictins qui y avaient installé leur abbaye, au bord des anciennes fortifications de la ville. Elle se situe toutefois sur un site beaucoup plus anciens : une église carolingienne, elle-même construite sur une église funéraire paléo-chrétienne et sa crypte.

Au XIXe siècle, la construction par le général Haxo des fortifications de la Bastille modifient l’aspect du site. Initialement, l’église n’était pas adossée à la colline mais le devient suite aux remblais nécessaires aux installations militaires.

C’est Jacques-Joseph Champollion (le grand frère de l’égyptologue) qui le premier fera part de l’intérêt historique de l’église Saint Laurent et surtout de la chapelle mérovingienne Saint Oyand sur laquelle elle est construite. Nous sommes alors au tout début du XIXe siècle. Les premières tombes ont commencé à être détruites lors des travaux de la Bastille quelques années plus tard. Alerté par une société savante locale, l’Académie Delphinale, Proper Mérimée se rend plusieurs fois à Grenoble et fait classer les lieux au titre des Monuments Historiques en 1850. Un premier musée lapidaire ouvre sur le site quelques années après.

Dans les années 1960, lors de sondages visant à s’assurer de la stabilité du bâti, des maçonneries anciennes sont découvertes. Une campagne de fouilles est engagée dans le courant des années 1970 et l’importance des vestiges trouvés conduit à la désacralisation de l’église et sa transformation en musée archéologique.

Aujourd’hui, lors de la visite du musée, nous découvrons ainsi les vestiges des différentes églises empilées sur le site. Une mise en lumière colorée permet de bien discerner les éléments de chaque époque. L’ancien cloître, avec les vestiges de ses différents murs montrant son agrandissement au fil du temps, permet également de s’intéresser à l’évolution de la relation des hommes avec la mort.

En effet, le site de Saint Laurent, à l’abri des crues de l’Isère, est le tout premier site d’inhumation chrétien de Grenoble. Plus de 1500 sépultures datant du IVe au XVIIIe siècle sont ainsi présentes sur le site : sarcophages alignés sous la nef, sépultures en pleine terre dans des coffres de bois, sous des empilements de tuiles ou des tombes en maçonneries… La diversité des modes d’enterrement ainsi que les objets déposés avec les défunts permettent d’obtenir un panorama très large des rites funéraires chrétiens au fil des siècles.

C’est un musée surprenant que ce musée archéologique, qui va bien au delà des dépôts lapidaires et collections d’objets que l’on voit habituellement. La présence des tombes, l’omniprésence des squelettes, le passage par la chapelle mérovingienne Saint Oyand maintenant souterraine donnent à la visite une connotation étrange… comme un voyage spirituel à la rencontre des rites du passé.

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Sarcophages sous la nef de l’église
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Chapelle mérovingienne Saint Oyand
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Vue sur le choeur et les vestiges souterrains de la nef
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Remonter vers la surface…

Musée archéologique Saint Laurent – Grenoble – février 2020

(*) L’entrée au musée archéologique Saint Laurent, tout comme celles des autres musées départementaux de l’Isère, est gratuite.