[Pas de Calais] en week-end entre Arras et Lens : tourisme de mémoire et industriel

J’étais allée à Arras à l’occasion du marché de Noël en décembre 2023. A cette occasion, j’avais aussi découvert la ville grâce à une visite guidée et son importance durant les combats de la Première Guerre Mondiale en visitant la carrière Wellington. Cet aperçu de la ville m’avait donné envie d’y retourner. C’est ce que j’ai fait en février : j’ai prolongé un week-end pour aller retrouver des amies dans le Pas de Calais et découvrir d’autres lieux dans les environs d’Arras. Alors si vous prévoyez d’aller vous balader entre Lens et Arras, voici quelques idées qui pourraient vous intéresser.

la place des Héros d'Arras entourée des façades baroques flamandes et dominée par le beffroi
Place des Héros – Arras

Se balader dans la ville d’Arras

Profiter des Places, de jour comme de nuit

Lors de ma première visite à Arras, les Places étaient occupées par le marché de Noël. Cette fois, c’est vides que je les ai découvertes. Et je dois avouer qu’elles sont encore plus impressionnantes. De la place des Héros à la Grand Place, en passant par la rue de la Taillanderie qui les relie, les façades se succèdent toutes similaires et toutes différentes. Je crois que j’aurais pu passer des heures à les photographier, de jour comme de nuit.

Prendre de la hauteur dans le beffroi

Le beffroi d’Arras domine la place des Héros du haut de ses 75 mètres. Dans le bâtiment, on peut librement découvrir les Géants de la ville. Mais ce qui nous intéressait ce matin-là, c’était de monter au sommet du beffroi pour admirer la ville d’en haut. L’accès se fait par un ascenseur complété d’un escalier en colimaçon. On passe ainsi dans le campanile, juste à côté des cloches. Et même si celles-ci sont seulement frappées, cela doit être bien bruyant lorsqu’elles sonnent les heures. Le beffroi abrite aussi un carillon dont on peut apercevoir le clavier.

vue aérienne de la ville d'Arras
Arras vue depuis le sommet du beffroi

En montant au beffroi, ce que nous voulions, c’était disposer d’une vue aérienne de la ville et de ses environs. Nous n’avons pas été déçues sur ce point. Mais ce qui m’a le plus frappée, c’est de pouvoir comprendre vraiment comment les maisons s’organisent autour des Places. En effet, ce que l’on appelle généralement « façades » sont en fait les pignons de ces maisons, et vu d’en haut, aucun doute n’est possible.

D’en haut, on comprend particulièrement bien l’architecture des Places.

La cathédrale d'Arras vue depuis le sommet du beffroi
La cathédrale vue depuis le sommet du beffroi

Flâner à la Citadelle

La Citadelle, c’est presque le hasard qui nous y conduit. Lorsque nous avions fait une visite guidée de la ville avec Audrey la dernière fois, elle nous en avait parlé en nous montrant le plan-relief qui se trouvait au musée (il est actuellement fermé jusqu’en 2030). Comme c’est un peu excentré, nous n’avions pas eu le temps d’y aller. Or, cette fois, nous sommes passées devant en voiture alors que nous revenions en ville après une balade. La lumière déclinait et il faisait bien froid, mais nous nous sommes arrêtées. Edifiée selon les plans de Vauban, la Citadelle d’Arras s’inscrit dans une ligne de défense constituée pour protéger la frontière nord du royaume de France à l’époque de Louis XIV. Les fortifications de Vauban les plus emblématiques ont été inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, et la Citadelle d’Arras en fait partie.

L'entrée de la Citadelle d'Arras au soleil couchant
L’entrée de la Citadelle d’Arras au soleil couchant

A l’entrée de la Citadelle, une salle d’exposition permet de découvrir une maquette ainsi que l’histoire de la forteresse et la façon dont elle s’inscrit dans le Pré Carré voulu par Vauban. Elle a été démilitarisée en 2010, et depuis des logements et des entreprises ont pris possession des lieux. La grande place d’armes sert à des évènements. Discrète, le long de celle-ci, on trouve une petite chapelle. Il s’agit du plus ancien édifice de la ville (le centre ville a été largement bombardé durant les combats de la Première Guerre Mondiale et ce que l’on en voit aujourd’hui est une reconstruction à l’identique). Sur ses murs intérieurs, on trouve le nom des soldats tombés au combat et dont le régiment était stationné à la Citadelle.

depuis un porche un chemin pavé amène vers sur une place et un bâtiment en briques
Perspective vers la place d’armes de la Citadelle
un rayon de soleil sur le manteau en briques d'une cheminée ancienne
Le soleil couchant éclairait joliment la cheminée de la salle des familles où se trouve l’exposition
vue générale de la place d'armes de la citadelle d'Arras
La place d’armes de la citadelle d’Arras au soleil couchant

Se souvenir des combats de la Grande Guerre dans l’Artois

L’Artois a été au cœur de grandes batailles de la Première Guerre Mondiale. De nos jours, on y trouve de nombreux lieux de mémoire : cimetières, monuments commémoratifs, vestiges des combats… Après avoir visité la carrière Wellington il y a un peu plus d’un an, nous sommes parties en direction de Lens pour découvrir deux sites majeurs du souvenir : la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette et la crête de Vimy.

l'entrée de la nécropole nationale de Notre Dame de Lorette
L’impressionnante entrée de la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette

Se rendre compte du nombre de victimes à Notre-Dame de Lorette

Notre première étape a été la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette. Ici se trouvent les dépouilles de 42 000 soldats français, morts sur les champs de bataille de l’Artois et des Flandres. Dès 1919, la colline de Notre-Dame de Lorette devient un lieu de souvenir. Outre les tombes alignées, le cimetière se compose aussi de plusieurs ossuaires. C’est en 1925 que sont inaugurés la basilique et la tour lanterne. Cette dernière est un phare pour guider les âmes des soldats morts vers l’au-delà. Elle est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. J’ai déjà visité de nombreux cimetières militaires (en particulier de la seconde guerre mondiale car j’ai grandi pas très loin des plages du débarquement de Normandie et des lieux de la bataille qui s’en est suivie), mais chaque fois, je ressens une très forte émotion devant ces alignements de tombes. Et il faut bien avouer que la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette (le plus grand cimetière militaire français) est particulièrement impressionnante.

Juste à côté du cimetière, on trouve l’anneau de la mémoire. Cet édifice a été inauguré en 2014. A l’intérieur de ce cercle de plus de 345 mètres de diamètre, on retrouve le nom de plus de 580 000 soldats morts durant la Première Guerre Mondiale sur les territoires du Nord Pas-de-Calais. Pour la première fois, les noms sont présentés par ordre alphabétique, sans distinction de grade, religion et surtout nationalité. Ainsi, les soldats des deux camps se retrouvent côte à côté, dans une symbolique de paix et d’union. Voir tous ces noms gravés en petits caractères et se rendre compte de l’espace que cela nécessite permettent de mieux appréhender l’ampleur du nombre des victimes (entre les différents fronts, on estime à près de 10 millions le nombre de pertes militaires durant le conflit, auxquelles il faut ajouter presque 9 millions de victimes civiles).

un aperçu de l'intérieur de l'anneau de la mémoire sur le site de Notre Dame de Lorette dans le Pas de Calais
580 000 noms gravés sur l’anneau de la mémoire

Parcourir un bout de Canada sur la crête de Vimy

Au cours de la bataille d’Arras, à Pâques 1917, les opérations pour reprendre la crête de Vimy à la côte 145 ont été menées par le Corps Canadien. Après 4 jours de combat, les canadiens étaient maîtres de cette position stratégique entre Arras et Lens. La bataille de la crête de Vimy est l’une des victoires les plus emblématiques pour l’armée canadienne. Elle est aujourd’hui considérée comme un des éléments clés du développement de l’identité de la nation canadienne (la confédération canadienne a été fondée en 1867 : le pays est encore extrêmement jeune et en pleine construction). En 1922, la France offre au Canada une concession à perpétuité de 117 hectares sur la crête de Vimy pour y installer un mémorial. L’ensemble monumental, inauguré en 1936, se remarque de loin, dominant la crête et le paysage environnant. Avec ses lignes claires, il s’impose au milieu d’un paysage tourmenté et portant les stigmates des combats qui y ont eu lieu.

Le mémorial canadien de Vimy – un monument impressionnant

une forêt de pins dont le sol est composé de trous d'obus
Dans la forêt, le sol est bosselé, marqués par les explosions d’obus

Découvrir la vie des mineurs à Lewarde

Pour notre dernière découverte du week-end, nous sommes allées au centre historique minier de Lewarde. La fosse Delloye commence son activité en 1931 et l’arrête au cours des années 1970. Elle est choisie dès 1973 par les Houillères du Bassin du Nord et du Pas de Calais pour devenir le centre historique minier. L’inauguration a lieu en 1984. Il doit permettre de témoigner de 3 siècles d’activités minières dans la région (le dernier puits a fermé en décembre 1990). L’ensemble des bâtiments du carreau de la fosse Delloye a été préservé et transformé en musée.

bâtiments d'un carreau de mines au centre historique minier de Lewarde
Le bâtiment d’accès aux galeries de la mine, avec ses deux chevalements.

La visite se décompose en deux parties. La première permet de découvrir le bâtiment où les mineurs se préparaient et où étaient installés les bureaux. On y retrouve une exposition sur la formation du charbon (et les différents types qu’il recouvre), sur l’histoire de l’exploitation du charbon dans la région mais aussi sur la vie quotidienne des mineurs, tant à la mine qu’en dehors. La seconde partie se fait avec un guide qui nous emmène dans les galeries de la mine (ou presque : pour des raisons de sécurité, ce sont des reconstitutions grandeur nature). Nous empruntons l’ascenseur que les mineurs utilisaient pour descendre au fond de la mine, découvrons leurs conditions de travail et l’évolution de celles-ci au fil du temps. Des machines et outils sont actionnés par le guide pour aider à comprendre l’environnement sonore de la mine. J’ai trouvé cette visite vraiment très intéressante. J’ai appris/compris beaucoup de choses sur le travail d’extraction du charbon (et cela m’a donné envie d’aller visiter d’autres mines, par exemple à Saint Etienne ou en Matheysine).


Arras / Lewarde / Vimy / Notre-Dame de Lorette – Pas de Calais – février 2025


Informations pratiques

Nos visites

  • Le Beffroi d’Arras : la billetterie se situe à l’office de tourisme, au rez-de-chaussée du beffroi. Il est accessible aux horaires d’ouverture du bureau de l’office de tourisme. L’accès est payant.
  • Les Boves : il s’agit d’un réseau de caves et de souterrains, reliés à la Carrière Wellington. Nous n’avons pas pu les visiter car elles étaient fermées lors de mon séjour à Arras.
  • La carrière Wellington : nous y étions allées lors de notre précédent séjour arrageois et n’y sommes pas retournée, mais c’est assurément un lieu à découvrir.
  • La Citadelle d’Arras : devenue un lieu de vie, elle est librement accessible. En entrant par la porte Turenne (côté ville), on accède à la salle des familles : une salle d’exposition en libre accès en journée. Comme la nuit arrivait, nous n’avons pas eu le temps de faire l’un des circuits de promenade autour de la Citadelle. Tour des bastions, des douves ou du bois, ils ont l’air de permettre de bien se rendre compte de l’architecture voulue par Vauban avec sa forme en étoile.
  • La nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette se trouve à Ablain-Saint-Nazaire. L’accès et le parking sont gratuits. Les horaires d’ouverture varient en fonction des saisons.
  • L’anneau de la mémoire est situé juste à côté de la nécropole, et l’on passe facilement à pied de l’un à l’autre. Le parking est d’ailleurs commun. L’accès est gratuit.
    Attention en hiver : le sol de l’anneau givre facilement, et peut être très glissant. Il ne passe pas intégralement au soleil au cours de la journée.
  • Le mémorial national du Canada à Vimy est situé sur la commune éponyme et deux communes voisines. Il est géré par Anciens Combattants Canada. Il a été déclaré lieu historique national du Canada, signe de son importance pour le pays. En plus du monument, le site permet de découvrir des tranchées et tunnels. Comme nous sommes arrivées en fin de journée, nous n’avions pas le temps d’aller les voir. Les horaires d’ouverture du site sont disponibles sur le site internet du Gouvernement Canadien dédié aux anciens combattants.
  • Le centre historique minier de Lewarde est situé à côté de Douai. Il n’est pas nécessaire de faire la visite libre du musée avant la visite guidée de la galerie de la mine. Il n’est pas possible de réserver un horaire de visite guidée : celui-ci est donné à la billetterie à l’entrée du site quand on arrive. Il faut compter entre 2h30 et 3h de visite pour découvrir l’ensemble du site.
    Les horaires et conditions de visite sont à retrouver sur le site internet du centre historique minier. On peut manger sur place : le restaurant Le Briquet propose une cuisine maison simple à base de produits du terroir à un prix raisonnable (et accepte les titres restaurants en semaine). J’ai beaucoup aimé mon croque-monsieur au Maroilles.

Comment venir, où dormir et où manger à Arras

Pour venir, j’ai pris le train. La gare d’Arras est vraiment à quelques minutes à pied du centre-ville, très facile d’accès. Pour l’aller, j’ai même eu un TGV direct depuis Valence. Au retour, par contre, j’avais une correspondance à Paris avec un changement de gare du Nord à gare de Lyon. Si vous avez besoin de faire ce changement de gare, prenez la ligne 5 du métro à gare du Nord et descendez à Quai de la Rapée : vous êtes à moins de 5 minutes à pied de la gare de Lyon.

Pour dormir, j’avais choisi un hôtel situé dans le centre ancien d’Arras, à moins de 5 minutes à pied de la gare et juste à côté des Places. Outre sa situation idéale, il est d’un bon rapport qualité-prix et calme.

Pour manger, il y a de nombreux restaurants à Arras dans tous les styles et pour toutes les bourses. Voici ceux que où nous nous sommes restaurées :

  • Nous sommes allées un soir au Baobab Café (14 rue Paul Doumer, Arras) : un bar et un restaurant avec des burgers et des salades au menu. Attention, le lieu est vite un peu bruyant !
  • Nous avons diné chez Anagram (23 Grand Place, Arras) : un restaurant cosy de cuisine française où la carte change régulièrement.
  • Nous avons déjeuné au Briquet, le restaurant du centre historique minier de Lewarde, où nous étions en visite. Nous avons bien aimé l’ambiance sans chichi et la carte à base de produits locaux.
  • Quant au dimanche, avant que je ne reprenne le train, nous avons pris un brunch chez Appia (4 rue de la Housse, juste à côté de la place des Héros, Arras) : un lieu tout doux où nous avons dégusté de copieuses pancakes.

[Pas-de-Calais] un week-end de décembre à Arras

Il y a un peu plus d’un an, j’avais passé un week-end en région parisienne avec des copains. C’était avec les mêmes que l’été d’avant nous avions prolongé un séminaire professionnel à Lille par quelques visites et moments conviviaux. Alors, avant que 2023 ne se termine, nous avons eu envie de nous retrouver pour un nouveau week-end dans les Hauts-de-France. Notre choix s’est porté sur Arras car l’une d’entre nous y habite et que la ville offre de jolies possibilités de balades. Quant à la date, nous avons fait en sorte de pouvoir profiter du marché de Noël. C’était en ce qui me concerne la première fois que je venais à Arras.

place des héros d'Arras un soir de marché de Noël
Arras – ville de Noël : le marché de Noël au pied du beffroi

Vendredi soir : direction le marché de Noël

Nous nous sommes retrouvés à Arras en milieu d’après-midi du vendredi. Le temps de poser nos valises chez ma copine, et de discuter un peu, la nuit était tombée. Nous sommes donc partis découvrir le marché de Noël. Nous avons commencé par la place des Héros, dominée par le beffroi illuminé. J’avoue qu’il ne m’a pas fallu longtemps pour tomber sous le charme. Entre la magie du grand sapin, les chalets et les superbes façades, c’était compliqué de résister.

place des héros d'Arras un soir de décembre
Place des héros, un soir de décembre

Nous avons fait le tour de la place des Héros, jetant un œil aux étals provisoires, et admirant les structures lumineuses devant le beffroi. Puis, nous avons pris la direction de la Grand Place. Je n’avais pas révisé avant de venir et c’est ainsi que j’ai découvert qu’il y avait deux immenses places aux façades de style baroque flamand, reliées par une petite rue au style homogène. L’ambiance y est conviviale en cette fin de semaine. La grande roue et les manèges tournent. Les stands sont animés. Nous nous réchauffons avec un bretzel et un vin chaud, avant de rentrer nous mettre à l’abri de froid.

illuminations de Noël à Arras
Les structures lumineuses de Noël au pied du beffroi
place des héros d'Arras un soir de marché de Noël
Autour du sapin, les chalets attirent les badauds
grande roue de nuit
La grande roue sur la Grand Place
grande roue de nuit
Grande roue et manèges
Grand Place d'Arras de nuit
Les façades de la Grand Place – la maison en brique à pignon à pas d’oiseaux est la plus ancienne de la ville
place des héros d'Arras un soir de marché de Noël
Retraverser la place des héros après la fermeture des chalets du marché de Noël
place des héros d'Arras un soir de marché de Noël
Place des héros
bretzel
Prendre un bretzel pour patienter jusqu’au diner
verre de vin chaud
Vin chaud (à consommer avec modération)

(*) Le marché de Noël est installé à Arras jusqu’au 30 décembre 2024

Samedi matin : tourisme de mémoire à la carrière Wellington

Le samedi matin, nous avions mis le réveil car nous avions réservé une visite à la carrière Wellington. La journée débute avec une vue sur les toits givrés du centre ville. Aussi, c’est bien couverts que nous prenons la direction du quartier Ronville où se situe le musée-mémorial de la bataille d’Arras. La ville s’est en effet assez vite retrouvée sur la ligne de front lors de la première guerre mondiale. Le réseau de carrières souterraines de craie, creusé pour extraire les matériaux de construction de la ville depuis le Moyen-Âge, s’est alors révélé être un atout potentiel.

ligne de front de la première guerre mondiale passant par Soissons, Amiens et Arrras
La ligne de front

En 1916, le général Nivelle veut attaquer les lignes allemandes dans une opération surprise de grande ampleur. Ce sera le chemin des Dames, dans l’Aisne. Afin d’optimiser ses chances, il demande au général Haig, commandant les troupes anglaises, de préparer une attaque de diversion qui sera lancée une semaine plus tôt, dans un autre secteur, pour que les allemands envoient un maximum de troupes loin du lieu de la véritable offensive. C’est le site d’Arras qui est choisi, en raison de sa proximité avec le front et parce que les troupes anglaises y sont déjà stationnées. Le général Haig fait alors lancer un appel au volontariat dans tout l’empire britannique pour trouver des mineurs. C’est ainsi qu’une compagnie de mineurs et bûcherons néo-zélandais viendra creuser des tunnels complémentaires sous Arras, tirant partie de l’existant, reliant les anciennes carrières entre elles, ajoutant de nouvelles galeries pour permettre l’attaque, utilisant les espaces évidés pour stocker les gravats des nouvelles excavations. Au final, c’est un travail titanesque qui sera réalisé en toute discrétion sous la ville d’Arras (une entrée dans le centre ville permettait de rejoindre les différents sites souterrains), permettant le casernement de nombreuses troupes et une attaque surprise de grande ampleur. La bataille d’Arras sera lancée le 9 avril 1917 au matin du lundi de Pâques.

objets de la vie quotidienne des soldats de la première guerre mondiale
Le quotidien des soldats

La visite de la carrière Wellington permet de retracer les évènements préalables à la bataille d’Arras. Dans une muséographie moderne et mêlant les explications de la guide avec celles des voix off et des films projetés sur les murs de la carrière, nous découvrons le travail titanesque des tunneliers néo-zélandais ainsi que les conditions dans lesquelles ils l’ont effectué. Puis, nous suivons les soldats s’apprêtant à surgir sur la ligne de front depuis les profondeurs de la terre. C’est un voyage poignant dans une partie de notre histoire que je connais finalement assez mal en dehors des livres : celle de la première guerre mondiale (géographiquement, j’ai toujours vécu près de sites en lien avec la seconde guerre mondiale, et j’ai donc une meilleure connaissance des lieux de celle-ci. Concernant la première guerre mondiale, j’avais juste eu l’occasion de me rendre une fois dans le secteur de Verdun et au wagon de l’armistice en forêt de Compiègne). Et si le sujet est moins festif que les autres activités que nous avons faites durant le week-end, c’était vraiment une sortie extrêmement intéressante et à côté de laquelle il aurait été dommage de passer.

à l'intérieur de la carrière Wellington
A vingt mètres sous terre – les inscriptions en noir sur les murs datent de la première guerre mondiale, celles en rouge de la seconde guerre mondiale où le réseau souterrain a été réemployé en particulier comme abri
dans la carrière Wellington
évocation de la messe de Pâques 1917, à la veille de l’assaut
tunnel dans la carrière Wellington
tunnel creusé par les néo-zélandais lors des préparatifs de la bataille d’Arras

(*) Les informations pratiques relatives à la visite de la Carrière Wellington sont à retrouver sur leur site internet. Il est conseillé de réserver sa visite car le nombre de visiteurs en simultané est limité.

Samedi après-midi : à la découverte des places de la ville

Après avoir déjeuné, nous nous sommes rendus au musée des Beaux Arts d’Arras, situé dans l’ancienne abbaye Saint Vaast. Là, nous avons rendez-vous avec Audrey, une connaissance qui a longtemps été guide touristique dans la ville. Comme la plupart d’entre nous ne connaissions pas du tout la ville, elle nous a proposé une visite à la découverte des places d’Arras et de leur histoire. Après nous avoir dressé un bref historique de la cité depuis ses origines, Audrey nous a emmenés dans le musée pour découvrir le plan-relief datant du XVIIIe siècle. Il a été commandé après la fortification d’Arras par Vauban suite au rattachement de l’Artois à la France à la fin de la guerre de Trente Ans. Cela nous permet une vision globale de la ville et ses environs, et de la façon dont sont disposées les différentes places.

façade du 18ième siècle
L’ancienne abbaye Saint Vaast date du XVIIIe siècle
entrée du musée des beaux arts
Le grand escalier dans l’entrée du musée
le lion d'Arras
Le lion d’Arras se trouve au dessus du beffroi et est surmonté du soleil de Louis XIV

Nous partons ensuite vers la place des Héros en passant par la place de la Vacquerie. De là, nous admirons l’arrière de l’hôtel de ville et du beffroi, ainsi que les maisons reconstruites dans un style Art Déco (la ville était un champ de ruines à l’issue de la première guerre mondiale).

beffroi d'Arras
L’hôtel de ville et le beffroi depuis la place de la Vacquerie. Complètement détruits lors de la première guerre mondiale, l’ensemble a été reconstruit « à l’identique ». Toutefois, il n’y avait qu’un seul pavillon Renaissance initialement, le 2e a été ajouté lors de la reconstruction dans un but d’harmonie visuelle.
maisons Art Déco
On « coupe » les angles des rues afin de permettre aux voitures de circuler plus facilement
façades baroque flamand et art déco
Art Déco et baroque flamand

Nous arrivons sur la place des Héros. Avec la rue de la Taillanderie et la Grand Place, elles constituent un ensemble unique de 155 façades de style baroque flamand. Enfin, façades, pas tout à fait ! Audrey nous apprend que se sont les pignons des maisons que nous voyons car elles sont construites en profondeur. Cela permettait de mettre plus de maisons sur la même rue ou place, et c’est de là que vient l’expression « avoir pignon sur rue ». Chaque maison est différente mais beaucoup arborent des emblèmes les distinguant ou rappelant le métier du propriétaire. On trouve ainsi beaucoup de gerbes de blés (il y avait un commerce aux grains sur la Grand Place), sans qu’il y ait toutefois deux fois le même motif sur deux maisons différentes. Le soleil déclinant dore les maisons autour des places et on se rend bien compte de leur beauté. Audrey attire aussi notre attention sur les colonnes de grès au rez-de-chaussée des maisons qui permettent un passage abrité le long de celles-ci et sur les entrées de caves, les burguets, qui permettent de rejoindre les boves, d’anciennes carrières de craie, puis les tunnels creusés lors de la première guerre mondiale.

beffroi d'Arras
L’hôtel de ville de style gothique flamboyant et le beffroi
façades baroque flamand
Autour de la place des Héros
façades baroque flamand
Autour de la Grand Place

Avant de nous diriger vers le marché de Noël pour un vin chaud tous ensemble, Audrey nous emmène voir les géants d’Arras, au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville. Colas est un maraicher d’Achicourt, et Jacqueline son épouse vient vendre la production sur le marché de la place des Héros. Ils sont accompagnés de leur fils Dédé, mais aussi du Jouteur et de l’Ami Bidasse.

les géants d'Arras
Colas, Jacqueline et leur fils Dédé, géants de la ville d’Arras

(*) Nous sommes allés au musée des Beaux Arts d’Arras la veille de sa fermeture pour plusieurs années de travaux. Réouverture prévue en 2030.
Audrey ne propose pas de visites au public, mais vous pouvez vous adresser à l’office de tourisme du pays d’Artois qui propose des visites guidées thématiques.
Les géants sont visibles librement dans le hall du beffroi.

Dimanche matin : rester au chaud à regarder la neige

Nous avions initialement prévu d’aller nous promener le dimanche matin, soit à Vimy soit du côté de la citadelle d’Arras. Mais la météo nous a fait changer nos plans car peu après notre réveil, il s’est mis à neiger. Alors, nous sommes restés au chaud à papoter autour d’un café. Après tout, les week-ends entre amis doivent aussi permettre de juste passer des moments ensemble, sans nécessairement « faire quelque chose ». Quoi qu’il en soit, il y a encore énormément de lieux à découvrir à Arras et dans ses environs. Et pour ma part, j’ai très envie d’y retourner pour explorer un peu plus cette région que je connais trop peu.

ciel rose du matin sur les toits d'Arras
Matin d’hiver, avant la neige
neige sur les toits d'Arras
Matin enneigé


Quelques adresses et conseils

Venir et séjourner à Arras

Nous sommes tous venus à Arras en train, en transitant par Paris. Le trajet en TGV depuis la gare du Nord est d’environ 45 minutes. La gare d’Arras est à proximité immédiate du centre-ville. Nous n’avons absolument pas eu besoin de voiture durant ce week-end. Tout ce que nous avons fait était facilement accessible à pied.

Pour le séjour, nous logions chez ma copine. Toutefois, l’offre d’hébergement sur Arras est vaste et vous permettra de trouver un logement à votre convenance.

Se restaurer à Arras

Voici les adresses que nous avons testées, et approuvées, au cours du week-end :

  • Pour manger des spécialités du Nord : l’estaminet La Gayette, place de la Vacquerie
  • Pour manger des frites, sur place ou à emporter : la friterie du Carnot, 26 boulevard Carnot
  • Pour un dessert ou un goûter à emporter : Aux Merveilleux de Fred, 15 bis rue Léon Gambetta
  • Pour prendre un cocktail en jouant aux fléchettes : le White Horse, place des Héros


Arras – Pas-de-Calais – décembre 2023