[Drôme] 2 lieux atypiques à découvrir à La Baume d’Hostun

Je vis à côté de Valence et je ne cesse de vous parler par ici de la richesse de ce territoire drômois (et de son voisin ardéchois). Il faut dire que même lorsque je crois commencer à vraiment bien connaître ce qu’il y a et ce qu’il se passe autour de chez moi, je ne suis pas à l’abri d’une découverte originale. Et au début du mois, ce sont deux lieux atypiques que j’ai pu visiter à La Baume d’Hostun, un petit village à une vingtaine de kilomètres de Romans. J’ai en effet été invitée par Valence Romans Tourisme, en même temps qu’un groupe de créateurs de contenus locaux, à venir découvrir la Ferme Intégrale et le tiers-lieu Le Chalutier.

derrière un champ de foin et une rangée d'arbres on devine la silhouette du Vercors
La Baume d’Hostun est un petit village drômois, situé au pied du Vercors dans la vallée de l’Isère.

La Ferme Intégrale, producteur en aquaponie

Une ferme originale

J’avais repéré les serres de la Ferme Intégrale depuis quelques temps. Je les longe en effet lorsque je me rends dans le Royans, et il est difficile de ne pas les voir. J’avais également échangé avec eux lors de la dernière édition du festival Valence en Gastronomie, et cela avait piqué ma curiosité. J’étais donc ravie de cette occasion proposée par Valence Romans Tourisme d’en savoir plus sur la Ferme Intégrale.

le logo de la Ferme Intégrale dans un environnement fleuri

Il faut dire que c’est une ferme très atypique qui produit des légumes, mais aussi du poisson. En effet, la Ferme Intégrale travaille selon la technique de l’aquaponie. Ce système est l’héritier contemporain de la façon dont les Aztèques cultivaient le maïs et les haricots sur des îles artificielles flottant à la surface de petits lacs de montagne, mais aussi de la façon dont en Chine on associe pisciculture et culture du riz depuis 1700 ans. Aujourd’hui, l’intérêt pour l’aquaponie est grandissant, en particulier pour imaginer ce que pourrait être la production alimentaire de demain. Les principaux tests sont plutôt liés à l’envie de développer une agriculture urbaine. Ainsi des promoteurs immobiliers ont créé des fermes verticales en aquaponie lors de la création de nouveaux ensembles urbains.

salades poussant en hydroponie
Plantations de salades dans la serre

La Ferme Intégrale n’est pas vraiment urbaine, mais son emplacement ne doit rien au hasard. Située à la sortie de l’autoroute, elle est facile d’accès. Mais surtout, elle est à quelques centaines de mètres de l’Isère et au dessus d’une nappe phréatique qui n’est pas sujette aux sécheresses. L’autre originalité de la Ferme Intégrale, c’est le choix du poisson. Si la plupart des fermes aquaponiques font grandir des truites, ici, c’est le sandre qui a été choisi. En effet, ce poisson ne nécessite pas une eau trop fraîche, ce qui limite la nécessité de refroidir l’eau. Quant aux serres, elles ne sont pas chauffées mais un système de monitorage permet de gérer au mieux les ouvertures et rideaux pour maintenant la température idéale.

une serre de maraichage
Dans la serre

Mais l’aquaponie, c’est quoi ?

Pour mieux comprendre cette ferme si particulière, il faut que je vous parle un peu de l’aquaponie. C’est un écosystème construit autour de la circulation de l’eau entre les bassins des poissons de la pisciculture et les bassins des légumes dans la serre. L’eau de la pisciculture se charge en ammoniaque à cause des déjections des poissons. Une fois les boues séparées, elle passe aux UV pour détruire virus et bactéries avant d’être biotraitée par des bactéries pour dégrader l’ammonique en nitrite puis en nitrate. On y ajoute un peu de fer et on obtient alors une eau chargée de nutriments qui va servir pour faire pousser les plantes. Celles-ci sont installées sur dans des petits godets ou des rigoles contenant du substrat, et posées sur des radeaux flottant à la surface des bacs. L’eau chargée en nitrates est régulièrement oxygénée puis envoyée dans les bassins de la serre. Une circulation d’eau est créée et l’eau est récupérée en sortie de bassin, appauvrie de plus de 75% des nitrates qu’elle contenait en arrivant. Elle est alors prête à être réinjectée dans les bassins des poissons.

culture en hydroponie d'aneth
Les légumes sont cultivés sur des radeaux flottant à la surface de bassins remplis d’eau (ici de l’aneth)

Vous l’aurez compris, il y a très peu de pertes dans l’ensemble du processus. A la Ferme Intégrale, la perte en eau (à cause de la transpiration des plantes) nécessite d’injecter 5 à 7 m3 d’eau dans le système lors des journées d’été les plus chaudes mais la plupart du temps, elle est négligeable. C’est de l’eau de pluie récupérée qui est utilisée généralement (de l’eau de forage s’il n’y pas eu assez de pluie pour remplir les récupérateurs). Au final, une fois le système lancé, la consommation d’eau est très faible.

C’est parti pour la visite

Après ces quelques explications générales sur l’aquaponie, nous sommes partis à la découverte des installations de la Ferme Intégrale. Nous avons vu depuis une plateforme d’observation les bassins des poissons qui restent dans la pénombre pour être dans les meilleures conditions pour la croissance des sandres. Ce n’est pas la partie la plus agréable à visiter car c’est très bruyant, à la fois chaud et humide et l’odeur est assez forte. Nous avons ensuite vu le stockage des aliments et constaté que la taille de ceux ci varie pour être adapté à la croissance du poisson (bémol écologique, l’aliment est produit en Bretagne par la coopérative Le Gouessant, un des plus gros producteurs d’alimentation animale en France et un spécialiste de la conduite d’élevage industriel). Les sandres arrivant à la ferme à l’état d’alevin (la reproduction du sandre est mal connue et une seule personne actuellement sait le faire en France, dans les Ardennes). Ils y grossissent pendant un an, jusqu’à atteindre 1 kg. Il leur aura fallu 1 kg d’aliment pour cela. Puis nous jetons un œil au laboratoire de levée des filets : un sandre d’1kg correspond à environ 800 grammes de filets. Le reste est revendu à un musher pour l’alimentation de ses chiens.

jeunes pousses plantées en rigole sur un radeau d'hydroponie
Les jeunes pousses sur un radeau en rigole

Nous partons ensuite dans la serre pour des explications détaillées sur la production des légumes. Ici, on ne cultive que des légumes feuilles car ils n’ont besoin que de nitrates pour pousser. Pour obtenir d’autres légumes, il faut d’autres nutriments dans l’eau et cela impliquerait de les ajouter (à noter toutefois qu’une toute petite production de tels légumes est faite en utilisant les boues résiduelles de l’eau issue des bassins des poissons). C’est vraiment très intéressant de voir comment tout est réalisé, depuis le moment où les graines sont semées jusqu’au légume prêt à être consommés. Le jour où nous y étions, il y avait pas mal de salades différentes, du chou kalé, des herbes aromatiques, etc. L’avantage de cette méthode de production, c’est que l’on peut avoir des légumes toute l’année et ainsi s’affranchir en partie de la saisonnalité. (Et, à mon avis, l’inconvénient outre l’aspect écologique lié au transport des alevins et de l’alimentation puis des produits, une partie étant envoyée à Rungis, c’est qu’on perd la notion de saison dans l’agriculture encore un peu plus).

rangs de salades en hydroponie
Rangées de salades
semis de basilic
Semis de basilic

Et si on goûtait ?

Nous avons terminé la visite par une dégustation des produits transformés directement à la ferme. En effet, en plus de vendre les filets de sandre frais et les légumes, la Ferme Intégrale a développé une petite gamme de produits directement travaillés sur place. Celui qui m’avait vraiment plu lorsque je l’avais goûté à Valence en Gastronomie, c’était le filet de sandre fumé. J’ai tout autant apprécié cette seconde dégustation. Moins gras et plus subtil que le saumon fumé, le sandre fumé peut être servi en dés dans une salade ou bien à l’apéritif. Nous avons aussi pu tester la nouveauté Sand’Rillette : une rillette de sandre et c’est un vrai coup de cœur gustatif. Enfin, nous avons pu goûter une tartinade à l’oseille. Ce n’est pas ma préférée car la préparation manque du petit goût acidulé qui fait tout le charme de l’oseille.

feuille de wasabino
Avant de quitter la serre, nous avons pu goûter le wasabino, un chou asiatique dont les feuilles ont la saveur du wasabi tout en gardant un côté très vert

(*) La Ferme Intégrale, 222 rue des Bleuets, 26 La Baume d’Hostun. Si vous souhaitez visiter, savoir où trouver leurs produits, ou en commander, rendez-vous sur le site internet de la Ferme Intégrale.

Le Chalutier, tiers lieu rural et citoyen

Une histoire singulière

Après la visite de la Ferme Intégrale, nous avons pris le chemin du Chalutier. Ce tiers lieu rural et citoyen est installé dans les locaux d’un ancien centre de convalescence des années 1950. Le centre a été construit sur des terres léguées à la Congrégation des Filles de la Charité par la veuve d’un propriétaire fermier qui n’avait pas d’héritier. Elles y construisent une maison de repos pour les jeunes filles ayant souffert de tuberculose mais qui ne sont plus contagieuses. Avec le recul de la tuberculose, le centre de convalescence s’ouvre à différentes suites de pathologies. Peu à peu, les Sœurs se désengagent aussi du quotidien du centre tout en restant propriétaires du centre Sainte Catherine Labouré.

une cour de maison desservie par un escalier
La cour de l’habitation d’origine

En 2021, les derniers patients quittent les lieux, devenus inadaptés aux pratiques de soin. Un projet de tiers lieu est monté : le Chalutier est né. L’association intègre les locaux peu après la fermeture du centre de convalescence. Les locaux, fonctionnels mais vieillots, n’ont pas eu le temps de se dégrader. Après nous avoir présenté l’histoire du lieu, Thomas qui nous accueille nous emmène le visiter. Il nous entraine de la cave au grenier, pour que nous nous rendions compte de l’état et du potentiel des lieux. Dans certaines parties des bâtiments, aujourd’hui inutilisées, la visite prend des allures d’urbex. Et notre imagination nous fait envisager des scénarios de films d’horreur.

Une architecture typique des établissements de soin de l’après-guerre

Parmi les éléments architecturaux remarquables, j’ai noté la terrasse avec sa pergola ainsi que la chapelle. Située au premier étage du bâtiment principal, ses fenêtres ont une forme originale et accueillent des vitraux au graphisme intéressant. Je n’ai pas (encore) réussi à trouver des informations à leur sujet, mais ils m’intriguent fortement.

une chapelle avec des vitraux contemporains
Dans la chapelle de l’ancien centre de soins Sainte Catherine Labouré de La Baume d’Hostun

Quelques détails des vitraux : le Saint Suaire, les clous de la Passion, et les dés des soldats romains tirant au sort les vêtements du Christ

Un parc immense

En plus du bâtiment, le Chalutier dispose d’un immense parc de presque 7 hectares. La promenade y est agréable et permet de bénéficier de jolis points de vue sur les contreforts du Vercors et sur la vallée de l’Isère. Comme il s’agit d’un ancien centre de suites de soins, les allées sont ponctuées de nombreux bancs. Ceux en ciment ont un charme désuet. Dans les prairies, j’ai pu repérer quelques orchidées, essentiellement des orchis pyramidaux à cette période de l’année. Enfin, nous avons aussi profité de l’ombre des grands tilleuls pour déjeuner dehors avec les occupants du Chalutier.

un banc en ciment couvert de mousse, au bord d'une prairie
Le charme désuet des anciens bancs en ciment
des tables et des chaises de jardin sous les arbres
l’heure du déjeuner

Un lieu de partage

Le Chalutier est un tiers lieu, voulu comme un lieu de partage. De nombreux évènements y sont organisés : marchés d’été à l’ambiance guinguette, concerts, etc. Ce sont aussi des espaces qui sont à louer pour les artistes et artisans ou encore un studio de répétition. Les profils des occupants sont variés, et nous avons pu le constater au fil des étages. Certains avaient laissé leurs clés à Thomas pour que nous puissions jeter un œil à leurs ateliers. J’ai ainsi découvert des univers très différents, de la poterie à la couture en passant pour la marqueterie ou les arts plastiques.

nature morte sur une étagère entre livres, bois flotté et carcasse de poisson en métal
L’univers gothique de Vinz Dupux
un atelier d'ébénisterie
un atelier de travail du bois
des tableaux en marqueterie dans l'atelier d'ébénisterie
Les réalisations en marqueterie de Julie, atelier Le bois d’à côté
un atelier de couture
L’atelier de Cécile, Sudoku & Chemises
des pots en céramique
Les poteries d’Ariane, Aria Terra

Après la visite, nous avons eu la chance de participer chacun à 2 ateliers. Nous avons fait un atelier d’art-thérapie, installés sous les arcades, en extérieur mais abrités de la pluie battante. Le but était de se focaliser sur les couleurs, le mouvement du pinceau ou de la brosse, et les effets produits, en particulier en superposant les couleurs ou ajoutant plus ou moins d’eau à la peinture acrylique, sans chercher à représenter quoi que ce soit. J’ai trouvé cet atelier très apaisant, très relaxant, et cet effet était décuplé par le bruit de la pluie. Puis, je suis allée dans l’atelier d’Ariane la potière pour une initiation au tournage de la terre. Après mon atelier modelage chez Amélie il y a un peu plus de deux ans, j’avais eu envie d’essayer le tour sans jamais en avoir l’occasion depuis. J’étais donc ravie de pouvoir le faire cette fois. Après la démonstration d’Ariane, c’est à notre tour de tourner un cylindre. Spoiler alert : ça semble beaucoup plus facile quand Ariane le fait ! Mais j’ai réussi à sortir un presque cylindre. J’ai vraiment aimé les sensations du contact de la terre lors du tournage, mais il va falloir que je m’entraîne si je veux sortir des pots dignes de ce nom.

atelier art-thérapie

Initiation au tour de potier dans l’atelier Aria Terra d’Ariane Bonnet

(*) Le Chalutier, 301 côte Simond, 26 La Baume d’Hostun.
Le site internet du Chalutier permet de découvrir les différents profils des occupants du lieu, ainsi que les propositions festives et culturelles. Les artisans proposent aussi régulièrement des stages, n’hésitez pas à les contacter directement.

A noter : jusqu’au 16 juillet 2025, le Chalutier réalise une levée de fonds citoyenne afin de permettre à l’association de se porter acquéreur du bâtiment comme cela avait été prévu dans la convention temporaire d’occupation. Deux modes de participation sont possibles : un don jusqu’à 1000€ ou un prêt pour les montants supérieurs.
EDIT du 15/08/2025 : Bonne nouvelle : la campagne de levée de fonds citoyenne a permis de réunir un budget suffisant pour lancer la phase suivante du projet de rachat du bâtiment !


La Baume d’Hostun – Drôme – juin 2025

un parc avec de grands arbres au pied du Vercors
Vue sur le parc et le Vercors depuis le Chalutier

(*) Les visites et ateliers évoqués dans cet article ont été réalisés dans le cadre d’un instameet auquel j’ai été invitée par Valence Romans Tourisme (constituant ainsi une collaboration commerciale non rémunérée). Je remercie l’office de tourisme ainsi que les partenaires pour leur accueil et les échanges que nous avons eus.
Comme à chaque fois, je livre ici un avis sincère, correspondant à l’expérience que j’ai vécue.

[Drôme] flâner dans Mirmande en fin d’hiver

C’était un de ces dimanches matins de fin d’hiver, quand la météo hésite à basculer au printemps. Le ciel bleu m’avait poussée à aller me promener. Je n’avais pas encore décidé de ma destination quand j’ai pris la direction de la vallée de la Drôme. La dernière fois que j’étais allée à Mirmande, c’était aussi un dimanche matin mais en pleine canicule. Alors que le thermomètre flirtait à peine avec les 3°C, je me suis dit que ce serait l’occasion de revoir le village autrement.

Le tour des remparts

Après avoir laissé la voiture sur le parking auprès de l’église Saint Pierre, dans le bas du village, une volée de marches m’a menée dans un charmant petit jardinet. Il ne s’agirait pas d’oublier que Mirmande fait non seulement partie des plus beaux villages de France mais aussi des villages botaniques de la Drôme. L’heure étant encore relativement matinale, le soleil restait assez bas, plongeant une bonne partie des lieux dans l’ombre.

Au dessus de la place de l’église

Afin de profiter au maximum du soleil, j’ai décidé de ne pas monter par la rue principale du vieux village mais de longer les anciens remparts en direction de l’est. Là, je prenais mon temps pour d’un côté admirer le paysage baigné de lumière et de l’autre, détailler les façades. Je remarquais par exemple de charmantes fenêtres fleuries ou de lourdes portes anciennes auxquelles je n’avais encore jamais prêté attention. Je m’en étonnais presque, tout en songeant que je n’étais finalement peut-être jamais passée encore par là.

Paysage de fin d’hiver
Je n’avais encore jamais fait attention à cette porte et ses décors
Le long des remparts
presque le printemps…

La chapelle Sainte Lucie

Arrivée au bout des remparts, j’ai continué mon chemin en descendant le long du coteau sur lequel le village de Mirmande est perché. En contrebas, un ruisseau s’écoule, bordé par un lavoir. De l’autre côté, j’ai découvert la petite chapelle Sainte Lucie. Je n’avais pas le souvenir de l’avoir déjà vue. Elle se situe pourtant très près du village, le long d’une route y menant. Construite à la fin du XIXe siècle grâce à une souscription, elle a été vendue à la mairie de Mirmande en 2003 pour un franc symbolique. Devenue un débarras communal, elle a continué à s’abimer jusqu’en 2015 et le lancement de travaux de restauration. Actuellement fermée au public, une étude est en cours pour la sécuriser et la transformer en lieu culturel. Je suis complètement tombée sous le charme de cette petite chapelle, de sa sobriété et de son environnement bucolique.

La chapelle Saint Lucie, à côté du pont menant à une ancienne entrée du village de Mirmande

Les prémices du printemps au fil des calades

Faisant demi-tour, je suis ensuite revenue vers le village. J’ai tourné dans la première calade qui s’est présentée, m’enfonçant entre les maisons aux murs de pierres calcaires. C’est toujours un plaisir de se faufiler dans les ruelles, et de découvrir les recoins de Mirmande. Là aussi, je me suis retrouvée en dehors des chemins que j’emprunte habituellement dans le village. Un peu partout, le printemps commençait à frémir. Amandiers et arbrisseaux portaient leurs premières fleurs dont je me délectais les yeux tandis que le soleil commençait doucement à réchauffer l’atmosphère.

Ambiance printanière dans les ruelles de Mirmande
Amandier en fleurs
Début de floraison
Touche de rouge…

Alors que je n’avais vu personne depuis mon arrivée, en revenant ainsi vers le cœur du village, et alors que la matinée commençait à être bien entamée, j’ai croisé plusieurs groupes de visiteurs qui montaient en direction de l’église Sainte Foy. Pour ma part, j’ai choisi de ne pas pousser jusques là-haut, mais de continuer à flâner dans les ruelles en restant côté est du village. Connaissant moins ce secteur, la balade n’en était que plus agréable. J’ai ainsi pu profiter du soleil jouant sur les façades ainsi que de sympathiques perspectives urbaines.

Jeux d’ombre et de lumière
Sous le noyer dénudé
Jeux de perspectives
Poésie des fenêtres

Dans l’atelier verrier Morfia

De nombreux artisans se sont installés dans le village de Mirmande. En redescendant par la rue principale, j’ai été attirée par la boutique d’une artisane verrière que je n’avais encore jamais vue. Comme elle était ouverte, je suis entrée… et j’ai pénétré dans un univers féérique. Je suis restée un bon moment à m’extasier devant la finesse et la poésie de certaines réalisations, comme les magnolias ou encore le mobile du Petit Prince. J’ai admiré le travail sur les colliers et j’ai finalement craqué pour une petite paire de boucles d’oreilles plus facile à porter au quotidien (mais je regrette un peu un petit collier en macramé et verre qui serait très sympa pour l’été… ). J’ai eu beaucoup de mal à me décider à quitter la boutique !

J’ai eu un coup de cœur pour ce collier aux perles en forme de cloche (mais je ne l’ai pas acheté car je ne suis pas certaine que j’aurais eu l’occasion de le porter)
Fleur et feuilles de magnolia en verre, posé sur une branche

Atelier Verrier Morfia – dans la Grand Rue


Mirmande – Drôme – mars 2023

(*) Si vous venez à Mirmande, il faudra laisser votre voiture à l’extérieur du vieux village. Il y a quelques places auprès de l’église Saint Pierre, en bas du village, mais il faut arriver très (très) tôt le matin pour espérer en avoir une. Sinon, il faut se stationner aux abords du village côté est ou côte ouest, où des stationnements ont été aménagés (à l’ombre des arbres pour certains en plus).
La visite du village se fait ensuite à pied. Mirmande étant un village perché aux ruelles médiévales pavées et avec pas mal d’escaliers, beaucoup d’endroits sont peu ou pas accessibles avec une poussette ou un fauteuil roulant. La partie de ma promenade le long des remparts est complètement accessible : c’est à l’intérieur du village que cela se complique.
La chapelle Sainte Lucie est facilement accessible à pied depuis le village. Il faut compter moins de 10 minutes depuis l’église Saint Pierre.

[Drôme] les journées européennes des métiers d’art à Romans

Il y a quelques jours, j’ai été invitée par Valence Romans Tourisme afin de découvrir en avant première certains ateliers ouverts dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art (JEMA). Lancées en 2002, ces journées ont pour but de faire découvrir au grand public les professionnels des métiers d’art à côté de chez eux. Ouvertures d’ateliers, manifestations exceptionnelles, démonstrations de savoir-faire, les JEMA proposent une programmation variée et touchant des domaines d’activité souvent méconnus. Elles sont l’occasion de rencontres avec des personnes passionnées qui ont à cœur de partager. Lors de cette avant-première, nous avons pu visiter l’atelier d’une modiste-chapelière, celui d’une fabricante de bijoux et nous essayer à l’art du cyanotype.

Chapeau d’homme en feutre bicolore, fait sur mesure pour un client

Des chapeaux chez Blanche Abel

Nous avons débuté notre journée par l’atelier de Blanche Abel, installé dans une petite rue de la basse ville de Romans, à deux pas du musée de la Chaussure et des berges de l’Isère. Originaire de Romans, Blanche y est revenue après avoir créé sa marque à Paris et travaillé pour de grandes maisons de la mode ainsi que des productions pour le cinéma ou la télé. Elle créé des chapeaux sur mesure pour ses clientes et clients (ainsi que des petites séries pour des marques de luxe).

En attente d’emballage…

Dans l’atelier de Blanche, installé sur les 3 étages d’une maison de ville, on travaille la paille et le feutre de lapin. Nous commençons la visite par le show-room où la créatrice reçoit ses clients sur rendez-vous afin d’échanger avec eux sur la création du chapeau dont ils ont envie. Blanche nous y raconte son parcours (elle a débuté dans la cuisine avant une reconversion dans la mode, et a posé ses valises en divers lieux d’Europe avant de revenir à Romans). Elle nous explique ensuite les différents étapes de la réalisation d’un chapeau mais aussi les matières et leurs particularités. On sent toute la passion qu’elle a pour son métier à la façon dont elle en parle.

Blanche est passionnante à écouter quand elle parle de son métier, des chapeaux, des matières et de son engagement pour une relocalisation

Après cela, elle nous guide au premier étage où deux personnes sont en train de travailler. L’une coud le gros grain sur le bord de chapeaux en feutre, tandis que l’autre procède aux finitions sur un ensemble d’autres chapeaux. C’est l’occasion pour moi de me rendre compte de la dextérité des deux chapelières, de leurs gestes à la fois rapides et précis.

Couture du gros grain sur le bord d’un chapeau

Nous montons ensuite au deuxième étage. C’est là qu’a lieu le moulage des chapeaux sur les formes. Blanche possède de nombreuses formes de chapeaux, calottes et rebords, ce qui lui permet de multiplier les possibilités. Nous avons même le droit à la démonstration du démoulage d’un bibi, posé sur une forme à clés. Là encore, Blanche n’est pas avare d’explications sur les différents types de feutre, sur l’apprêt, sur les pailles (qui arrivent en ruban), sur la machine à coudre la paille qu’elle a acquis et dont elle apprendra bientôt à se servir pour être encore plus autonome et limiter encore plus les trajets de ses matières.

Chapeau de feutre sur la forme
Démoulage du bibi
En pleine explications sur la paille

J’ai l’impression que Blanche pourrait nous raconter pendant encore des heures ce qui fait la beauté de son métier mais aussi comment elle aimerait une économie plus locale (actuellement, certaines matières ne sont pas fabriquées en France… car il n’y a pas de producteur. C’est le cas de la paille par exemple) et réduire encore son impact sur la planète. Mais l’heure tourne et nous sommes attendus dans un autre atelier…

Dans le showroom
Boîte à chapeau
Blanche peut fabriquer toutes sortes de chapeaux
Bibis de cérémonie
Le feutre permet de nombreuses fantaisies, comme l’incrustation de cuir

(*) Blanche Abel, 26 rue Bistour, 26100 Romans

Des bijoux en cuir upcyclé et argent recyclé chez Janoé

EDIT du 07/09/2025 – Margaux a cessé son activité de bijoux en cuir upcyclé et en argent recyclé.

Notre deuxième arrêt de la matinée est prévu dans l’atelier Graines de Couleurs où nous rencontrons Margaux qui va nous parler de ses bijoux en cuir upcyclé et argent recyclé, qu’elle produit sous la marque Janoé. Là encore, il ne s’agit pas du premier métier de la créatrice. En effet, Margaux était auparavant animatrice pédagogique dans un parc animalier. Elle a découvert la matière première cuir un peu par hasard en tombant sur de jolies pièces dans une ressourcerie. Son côté créatif la pousse à essayer d’en faire quelque chose.

En se renseignant, elle se rend compte de l’énorme quantité de cuir qui est jetée chaque année par l’industrie maroquinière. C’est le point de départ de sa marque Janoé : utiliser les petits bouts de cuir qui sont normalement jetés. Margaux décide d’associer ce cuir à une matière précieuse recyclé : l’argent. Le reste, c’est son goût et sa sensibilité qui permettent la création de bijoux modernes, et écoresponsables.

Les bijoux Janoé en cuir upcyclé et argent recyclé

Après nous avoir parlé de ses valeurs, Margaux nous montre ses outils et ses sacs remplis de cuirs fabuleux (son fournisseur, situé à quelques kilomètres de Romans, récupère des cuirs des usines des grands noms de la mode, dont plusieurs sont installés dans les environs également). Elle nous permet même de nous essayer à la découpe du cuir, au couteau ou à l’emporte-pièce à l’aide d’une petite presse qui était à l’origine destinée à poser des rivets et a été modifiée pour être réemployée. C’est un vrai plaisir que d’échanger avec Margaux, dont on sent les convictions fortes et l’engagement dans le discours et dans les actes.

Margaux en pleine explication de l’utilisation de la presse pour découper à l’emporte-pièce

(*) Janoé Bijoux / Graines de couleurs, 22 rue Mathieu de la Drôme, 26100 Romans

Une pause déjeuner chez Magma Terra

EDIT du 07/09/2025 – Magma Terra a définitivement fermé

En sortant de Graines de Couleurs, nous avons traversé la place Maurice Faure pour nous rendre chez Magma Terra. J’avais déjà eu l’occasion d’y aller prendre un verre (leur terrasse est très agréable aux beaux jours). Cette fois, je découvre la salle de restaurant, lumineuse et chaleureuse. Il y a un menu du midi et un menu du soir, qui changent chaque semaine. L’accent est mis sur les produits locaux et de saison, avec une proposition végétarienne à chaque fois. Ce jour-là, j’ai choisi une salade de lentilles (avec pommes, patates douces, grenade, noisette et tomme de Léoncel) en entrée et un colombo de légumes en plat. Je n’ai pas pris de dessert mais ceux de mes camarades étaient très appétissants.

Une salle colorée et lumineuse

(*) Magma Terra, 10 & 12 place Maurice Faure, 26100 Romans

Du cyanotype avec l’atelier Les Mirettes

Une fois rassasié, il était temps pour nous de passer à l’action. Pour cela, direction l’Artisanoscope dans la côte Jacquemart. Là, nous avions rendez-vous avec Laure de l’atelier les Mirettes. Photographe, elle pratique aussi la technique du cyanotype à laquelle elle va nous initier. Le principe est simple : un produit photosensible est étalé sur une feuille de papier, on masque certaines parties de la feuille, on expose tout cela aux UV (naturels ou artificiels), puis on rince et on découvre une impression en négatif dans les tons de bleu.

J’aime beaucoup les résultats des cyanotypes, et j’avais envie depuis un moment d’essayer

Après nous avoir montré les possibilités à partir d’exemples qu’elle a pu réaliser, Laure nous a fait choisir une feuille sur laquelle le produit avait été étalé. Nous avons ensuite laissé libre cours à notre imagination à partir des éléments à notre disposition : feuilles, plumes, dessins et photos imprimés sur transparents, etc. C’était d’ailleurs assez amusant de repérer les caractères de chacun selon la composition qu’il a réalisée, plus ou moins méticuleuse.

Ma composition avant exposition

Après, nous avons embarqué nos « plaques » jusqu’à une petite place voisine afin de les exposer à la lumière du soleil. Le jour était plutôt couvert, et il a donc fallu un petit moment (passé à discuter gaiement) avant que la couleur ne vire, indiquant que les UV avaient fait leur part. Il ne restait plus qu’à rincer le produit dans un bain d’eau vinaigrée pour que la magie opère et qu’on récupère notre cyanotype.

Ma composition après exposition // nos cyanotypes

(*) L’Artisanoscope, boutique à Romans dans la côte Jacquemart, boutique à Valence dans la Grand Rue et tiers lieu le Chalutier à La Baume d’Hostun


Si vous aussi, vous souhaitez profiter des Journées Européennes des Métiers d’Art, cela se passe toute cette semaine jusqu’au week-end prochain. Vous pouvez retrouver le programme pour Valence Romans sur le site de l’office de tourisme.


Lors cet instameet, j’étais invitée par Valence Romans Tourisme (que je remercie pour cette belle opportunité et les jolies rencontres que j’y ai faites), en compagnie de Maxime pour Le Caillou aux Hiboux, Lionel pour De beaux lents demains, Jérôme, Léa, Jeane, Cécile de Terres de Drôme.
Et bien entendu, ce que j’ai écrit ne reflète que mon ressenti personnel (et enthousiaste) de ce que j’ai vécu et des échanges qui ont eu lieu ce jour-là.