[Drôme] des évènements culturels à découvrir cet été

J’ai de la chance dans la Drôme car même l’été, les propositions culturelles sont nombreuses et variées. Ces évènements touchent tous les domaines de la culture : expositions, festivals de musique classique, pop ou électro, théâtre,… Il est facile de trouver de quoi profiter de moments agréables que l’on soit de passage ou habitant à l’année. Parmi toutes les propositions, j’en ai déjà testé quelques-unes cet été que je vais donc vous présenter. L’été étant loin d’être fini, je vous parlerai également de ce que j’ai l’intention de découvrir dans les prochaines semaines.

L’exposition L’Univers sans l’Homme au Musée de Valence

Cette année, le sujet de l’exposition temporaire du Musée de Valence est L’Univers sans l’Homme. Après les grandes expositions en mode all-over des précédentes saisons (pour mémoire Hervé Di Rosa en 2022, Philippe Favier en 2020/21, et le duo Gerda Steiner/Jörg Lezlinger en 2019) et les expositions monographiques (Théophile-Jean Delaye l’hiver dernier, Philolaos en 2019/2020, Jean Le Moal en 2017/2018 ou encore Anne Danger en 2016/2017) , le musée renoue avec une exposition thématique. La dernière était De l’autre côté du miroir, Reflets de collection en 2018/1029 qui mettait en scène les œuvres sorties des réserves du musée de Valence. Cette fois, le propos est plus vaste et le musée a bénéficié de nombreux prêts d’œuvres, soit directement des artistes pour les plus contemporains, soit d’autres musées. En ce sens, cette exposition serait plus à rapprocher de la toute première exposition temporaire du musée après sa réouverture, sur le thème de l’âge d’or du paysage dans la peinture anglaise. Mais le concept all-over ayant fait ses preuves, cette nouvelle exposition temporaire ne se contente pas d’un espace dédié et investit plusieurs salles du musée.

L’Univers sans l’Homme nous emmène du XVIIIe au XXIe siècle. En introduction, nous voyons comment progressivement la nature a supplanté l’humain dans les représentations, à l’image de la façon dont certaines catastrophes naturelles (tremblement de terre au Portugal, éruption volcanique en Italie, …) renvoient l’homme à sa fragilité. Les artistes cherchent d’abord à exprimer la toute puissance de la nature, ou encore son immensité, et dans laquelle l’humain n’a pas nécessairement sa place. « L’univers sans l’homme » est d’ailleurs une expression de Charles Baudelaire, qui dans ses écrits de critique d’art, déplorait cette déshumanisation dans les productions artistiques de ses contemporains, qu’ils soient peintres ou photographes.

All the air was white with moon light / All the water was black with shadow
Photographie du Colonel Stuart Morley
La vache qui se gratte
Constant Troyon – salon de 1859
La neige
Charles-François Daubigny – 1873

L’exposition passe assez rapidement sur le XXe siècle, bien que soient présentées quelques œuvres de Klein (dont le bleu a été utilisé pour le lettrage dans l’exposition) et quelques autres. Après les prémices au XIXe siècle, c’est vraiment sur le XXIe siècle que se concentre l’expression de ces univers déshumanisés. A travers des travaux vidéo ou photo, on découvre des villes désertées. Si on a tous aujourd’hui vu des images des villes vides lors du confinement de 2020, certains artistes avaient déjà imaginé ce que serait une ville vidée de ses habitants (dont Nicolas Moulin qui avait retouché pixel par pixel des images de Paris afin d’en enlever toute trace d’humanité). L’impact de ses œuvres est sans doute aujourd’hui moindre qu’avant les images d’actualité de 2020 et en même temps une vraie réminiscence de ces moments. La composante environnementale est aussi très présente à travers les œuvres contemporaines présentées.

Sans titre – Astana, Kazakhstan
Louis Le Kim – 2015
Céramiques atomiques

Le visiteur passe alors dans le musée, où une expérience assez intéressante est présentée. Trois tableaux du musée ont été numérisés puis retouchées pour enlever les personnages. L’original et la version déshumanisée sont présentées côte à côte et l’effet produit par les deux versions est très différent. Une scène champêtre prend ainsi des allures inquiétantes de fin du monde. Plus loin, Patrick Tresset a installé ses robots qui dessinent. La scène à croquer ne comporte pas d’humain et est une évocation du corbeau et du renard. Sur le mur, les triptyques produits par les robots commencent à s’afficher. Chaque robot porte un regard différent sur la scène (angle, zoom…) et dessine au stylo. Je me suis laissée emporter par le mouvement des stylos, hypnotiques.

Le corbeau et le renard – les robots qui dessinent de Patrick Tresset
œuvre – performance

Au dernier étage du musée, la grande salle d’art contemporain a été envahie par La Siouva de Cécile Beau (en collaboration avec Anna Prugne) qui expose aussi un caillou qui ronronne. Cette pseudo-araignée a de faux airs de Louise Bourgeois quand on la regarde sous certains angles. Aux murs, des galaxies abstraites de Hans Hartung et les aplats de couleurs métalliques d’Anna-Eva Bergman viennent s’associer au grand tableau de Joan Mitchell issu de la collection permanente du musée. Sur un petit pan de mur, on notera un Monet, issu de son travail autour des nymphéas, presque perdu au milieu de ces grands formats. Je crois que j’aurais aimé que ce Monet vienne un peu plus dialoguer avec le Joan Mitchell…

La Siouva
Cécile Beau & Anna Prugne – 2017
Reflet d’un tableau de Joan Mitchell dans un tableau de Claude Monet

Je n’avais pas d’idée préconçue en allant voir cette exposition. J’en suis ressortie assez perplexe, avec l’impression de souvent être passée à côté du sujet, de ne pas avoir su comprendre les interactions et les liens entre les œuvres. Certaines salles m’ont laissée sur ma faim : j’avais envie d’en avoir plus, et c’était un peu frustrant. J’ai ensuite au l’occasion d’échanger avec Melle 3e au sujet de cette exposition (elle avait eu la chance de la voir avec un médiateur dans le cadre d’une sortie scolaire). Certaines de ses remarques ont fait murir ma réflexion, et je me demande si je ne vais pas essayer de retourner revoir cette exposition pour approfondir cela. Quoi qu’il en soit, je pense que si vous avez l’occasion de visiter l’exposition avec un médiateur, c’est un vrai plus, au moins pour avoir des informations sur les aspects techniques de certaines œuvres (les cartels son un peu « légers » de ce point de vue).

(*) L’exposition L’Univers sans l’Homme se tient au Musée de Valence jusqu’au 17 septembre 2023. Les horaires et conditions de visite, ainsi que la programmation autour de l’exposition sont à retrouver sur le site internet du musée de Valence.

Le festival « Saoû chante Mozart »

Cette année, c’est la 34e édition du festival Saoû chante Mozart. Né de la volonté d’un passionné, ce festival, né dans le petit village de Saoû, a grandi au fil des années. Il propose maintenant des concerts dans toute la Drôme, entre lieux d’exception, églises et scènes extérieures. Petit à petit, il est devenu le plus important festival de France consacré à Mozart. Très exigeant dans sa programmation, le festival souhaite aussi dépoussiérer la vision que l’on peut avoir de la musique classique. Ainsi, si l’œuvre de Mozart constitue l’essentiel des concerts, le festival s’ouvre aussi à d’autres compositeurs qu’il s’agisse de musique classique ou de créations plus contemporaines, toujours inspirées par les compositions de Mozart.

Dans la programmation de cette année, j’ai noté en particulier le concert de dimanche dernier à l’église de Crest. En effet, si au départ, je ne suis pas une très grande fan de Mozart (en grande partie par méconnaissance de son œuvre, je pense), je suis une inconditionnelle de la musique de Bach et j’aime beaucoup tout le mouvement artistique du Romantisme. Or le quatuor Arod proposait en complément des Dissonances de Mozart, deux lieder de Bach et un quatuor de Brahms. Voilà qui était donc une bonne occasion d’aller écouter deux compositeurs que j’apprécie et de découvrir un peu plus Mozart. J’ai d’ailleurs été frappée par la modernité de certaines phrases musicales des Dissonances. De plus, l’interprétation de ces morceaux par le quatuor Arod, pleine de virtuosité, m’a permis de vivre presque deux heures de magie musicale, d’autant plus que le quatuor nous a gratifiés d’un mouvement de concerto de Debussy lors du rappel.

J’ai également repéré le concert Les chemins qui montent, qui aura lieu le jeudi 20 juillet en forêt de Saoû en soirée. Dans le cadre enchanteur de la forêt, le concert s’annonce comme une rencontre entre la musique kabyle et Mozart. Malheureusement, je ne pourrai pas y assister en raison d’une contrainte professionnelle. Je compte par contre bien me rendre au concert du lever de soleil le dimanche 23 juillet. J’aime tellement cette idée d’un concert au petit matin qui casse les codes que j’ai eu envie d’y assister avant même d’en voir le programme !

(Edit du 14/08/23 : je n’ai pas eu le temps de venir vous reparler de ce concert. Je le ferai dans un futur article reprenant les évènements auxquels j’aurais assisté/participé entre mi-juillet et la rentrée)


D’autres idées…

En complément, voici quelques autres idées pour les semaines à venir issues de la programmation culturelle estivale dans la Drôme qui me tentent ou que j’ai déjà prévues dans mon agenda :

  • A Valence, le festival Sur le Champ aura lieu du 19 au 22 juillet avec 4 soirées de concert gratuites.
  • A Grignan, comme chaque été, les Fêtes Nocturnes proposent une création théâtrale. Cette année, c’est L’Avare de Molière qui est à l’affiche, mis en scène et interprété par Jérôme Deschamps. J’ai déjà réservé mes billets pour l’une des dernières représentations.
  • A Upie, du 21 au 25 août, La légende d’Andarta est un spectacle son et lumière couplé avec un village gaulois en première partie de soirée. J’ai également déjà mes billets.
  • A Crest, le centre d’art propose une nouvelle exposition autour d’André du Bouchet et de Pierre Tal Coat jusqu’au 8 octobre 2023. Compte-tenu de mon planning estival déjà bien rempli, il est probable que je m’y rendrai plutôt en septembre.
  • A Valence, le Centre du Patrimoine Arménien présente une exposition sur les photographes arméniens dans l’Empire Ottoman. Elle se tient jusqu’à Noël et si je n’ai pas le temps d’y aller durant l’été, elle figurera probablement à mon programme de la rentrée.
  • A Montélimar, le Musée d’Art Contemporain propose une exposition « L’art et la matière » avec essentiellement des tapisseries et des céramiques. Elle est visible jusqu’à fin décembre 2023. Là encore, si je n’ai pas le temps d’y aller cet été, j’essaierai d’y aller cet automne.


(*) Afin d’être totalement transparente, je vous signale que les places pour le Festival Saoû chante Mozart et celles pour La Légende d’Andarta sont des invitations qui m’ont été offertes dans le cadre d’une collaboration commerciale (et je remercie les organisateurs de ces deux évènements). J’ai par contre payé les autres spectacles et visites dont je parle dans cet article.
Dans tous les cas, mon avis est libre et reflète l’expérience que j’ai vécue.

15 réflexions sur « [Drôme] des évènements culturels à découvrir cet été »

  1. De quoi s’occuper et pour l’art contemporain, effectivement, cela demande souvent un peu d’informations pour apprécier l’œuvre ou du moins la recherche artistique…

    1. Il y a beaucoup d’œuvres contemporaines qui savent nous toucher sans explications ceci dit…
      En fait, pour cette expo, il y a un point qui m’a empêchée de pleinement profiter : je n’ai pas toujours vu la cohérence de l’accrochage, la démarche du curateur, le choix de la progression au fil de l’exposition. Alors je me dis que je suis forcément passée à côté de quelque chose.
      Après, pour plusieurs œuvres que j’ai trouvées intéressantes, j’aurais aimé avoir un peu plus de « background » par rapport à l’artiste en général (comment se situe cette œuvre dans l’ensemble de sa production, etc), sur les aspects techniques également (par exemple, le mode de travail pour les créations numériques où certaines manipulations qui se font en 2 clics aujourd’hui ont peu demander des heures de travail minutieux il y a 15 ans, ce qui change la portée aussi de l’œuvre…. ).

      1. oui, on le constate quand on fait des expositions similaires et que dans l’une, il y a une véritable information autour de l’œuvre (voire une vidéo) et dans l’autre, simplement les œuvres et leurs cartels de base, ce qui nous laisse sur notre faim, alors que pour certaines œuvres, il est vraiment nécessaire d’en savoir plus pour apprécier… Bien sûr, il y a celles qui nous touchent facilement, sans aucune explication…

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